Après les révélations de violences sexuelles au sein de l'institution, l’Église de France a mis en place, depuis la rentrée, une formation à destination des catholiques pour les aider à lutter contre les abus commis dans leurs paroisses.
Des prêtres, des laïcs, des religieux et des religieuses suivent donc, deux jours par mois, des cours à l’Institut catholique de Paris (ICP) en vue d’obtenir un diplôme universitaire. Les sessions allient différentes matières comme le droit, la psychologie, la théologie et l'écoute des victimes. Vingt-quatre personnes seulement composent cette première promotion, pour laquelle les places se sont remplies très vite.
Étudier les relations de pouvoir
"Bonjour à tous, aujourd'hui, nous allons parler des qualités attendues d'un accompagnement spirituel pour que celui-ci soit bienfaisant", commence Gilles Berceville, enseignant en théologie. Il donne ce cours avec le psychologue Jacques Arênes. "La question, c'est de voir comment des relations d'accompagnement peuvent devenir des relations de pouvoir excessif", complète ce dernier.
C’est par là, en effet, que peuvent débuter des situations de violences sexuelles. Cet aspect psychologique de la formation, c’est justement ce qui a attiré Monseigneur Alain de Raemy. Il est évêque auxiliaire en Suisse, et se déplace exprès de Genève tous les mois. "Je me suis dit que c'était une belle occasion puisqu'on a eu aussi beaucoup d'abus chez nous, très médiatisés", indique-t-il. "Il faut apprendre à gérer ces situations."
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"J’ai envie de hurler"
Cette prise de conscience de l’Église n’empêche pas Ange-Marie, une moniale bénédictine, d’exprimer sa colère. "J'ai envie de hurler", s’indigne-t-elle. "On fait comme si de rien n'était, et ça me hérisse le poil, à la messe…", confie la jeune religieuse.
"Dans les communautés monastiques, il y a énormément d'abus de pouvoir avec des abbés ou des abbesses qui sont obligés de démissionner", raconte-t-elle. "La personne qui dénonce les problèmes est souvent forcée d'arrêter la vie monastique”, poursuit Ange-Marie. "Elle se retrouve donc dehors, sans argent ni couverture sociale, dans une grande précarité. Je ne peux plus le supporter."
Si ce diplôme universitaire coûte, au minimum, 700 euros l’année, il peut tout de même être remboursé par le diocèse.