"Je ressens du dégoût. C'est inhumain." Djamila Afiri n'a pas de mots assez forts pour dénoncer la décision du Conseil d'État qui concerne sa fille de 14 ans. Vendredi, la plus haute juridiction administrative a validé l'arrêt des traitements d'Inès. L'adolescente, atteinte d'une maladie auto-immune, est plongée dans un état végétatif depuis qu'elle a fait une crise cardiaque en juin dernier.
"Elle répond avec la tête". Mais pour sa mère, cette décision "va à l'encontre des Droits de l'Homme". "Je ne peux pas imaginer qu'on puisse aller contre des parents, contre un frère, contre une sœur. C'est dégoûtant. C'est un crime organisé", s'indigne celle qui avait adressé une pétition au Conseil d'État fin décembre. Djamila Afiri se dit "certaine" que sa fille "est consciente". "Quand je lui parle, elle répond avec la tête. Quand je pars, que je lui dit au revoir, elle me tourne la tête pour pas que je l'embrasse, elle ne veut pas que je parte."
Un pronostic neurologique "catastrophique". Trois médecins experts s'étaient prononcés sur le cas d'Inès à la demande du tribunal administratif de Nancy. Selon eux, le pronostic neurologique de l'adolescente est "catastrophique". "Elle se trouve dans un état végétatif persistant, incapable de communiquer avec son entourage", a souligné le Conseil d'État en se basant sur leurs conclusions. "Le caractère irréversible des lésions neurologiques [est] certain dans l'état actuel de la science." Mais Djamila Afiri conteste cette expertise. "On n'a pas fait d'examens complémentaires à ma fille. Elle n'a pas refait d'IRM, pas refait de scanner, rien fait. On s'est juste basés sur la première conclusion des médecins. Y'a pas eu d'expertise indépendante."
"C'est Dieu qui a créé la vie". Les parents d'Inès avaient été auditionnés par le Conseil d'État le 28 décembre, et sa mère avait notamment mis en avant ses convictions religieuses pour expliquer sa position. Djamila Afiri le répète encore aujourd'hui. "C'est Dieu qui a créé la vie, c'est lui qui la retire. Personne d'autre. On ne peut pas décider de retirer une vie comme ça alors qu'[Inès] est jeune, qu'elle a encore des chances de s'en sortir. Je lui laisserai toutes ses chances."
Recours devant la CEDH. L'avocat des parents de l'adolescente, Me Abdelbaki Bouzidi, a confirmé à Europe 1 que ses clients lui "ont demandé de saisir la Cour européenne des Droits de l'Homme sur le fondement de l'article 35", qui autorise un recours à la CEDH lorsque toutes les voies de recours internes sont épuisées. Et ce, pour "demander la suspension, dans la mesure du possible, de la décision du Conseil d'État".