C'est un nouveau coup de théâtre dans l'affaire Vincent Lambert. Samedi, un comité de l’ONU a demandé le maintien des soins pour cet homme dans un état végétatif depuis plus de dix ans. La fin des soins avait pourtant été validée par le Conseil d’État et confirmée il y a quelques jours par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). En France, cette affaire est emblématique du débat sur la fin de vie : d’un côté les parents de Vincent Lambert demandent un maintien des soins, de l’autre, son médecin, son épouse Rachel et son neveu, François Lambert, qui dénonce un acharnement thérapeutique.
"Pour les patients dans l’état de Vincent, la médecine ne progresse absolument pas, il n’y a rien à court terme qui peut laisser penser que ça va s’améliorer un jour", estime sur Europe 1 François Lambert, neveu et avocat du patient depuis 2013. "À moyen terme c’est 20 ans, 30 ans ! Vincent a le temps de mourir dix fois d’ici là. Il faut savoir que Vincent a une espérance de vie qui est en gros de 15 ans après son accident. Et ça fait onze ans qu’il a eu son accident", certifie François Lambert.
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"On fait passer le message à longueur de temps que ce n’est pas très grave d’attendre, qu’il n’y a pas d’urgence. Moi, je peux juste apporter mon témoignage : Vincent qui me regarde dans les yeux qui me dit 'ma hantise c’est de finir comme un légume'. Moi ça me parle", poursuit le neveu qui n'a que quatre ans d'écart avec son oncle.
"La dernière fois que je l'ai vu, c'était en janvier'"
"La dernière fois [que je l’ai vu] c’était en janvier, mais honnêtement j’y vais de moins en moins parce que c’est de plus en plus triste d’y aller et puis on a de plus en plus intégré le fait que de toute façon il n’était 'pas là' et moi j’ai peur de rajouter de la présence pour lui alors que c’est probablement insupportable d’avoir autant de présence autour de lui".
La France n'est "pas tenue" par l'avis du comité de l'ONU, a indiqué Agnès Buzyn
Le gouvernement français répondra à la demande d'un comité de l'ONU, mais la France n'est pas tenue légalement de la respecter, a déclaré dimanche la ministre de la Santé Agnès Buzyn. "Aujourd'hui, juridiquement parlant, tous les recours" dans cette affaire "sont arrivés au bout, et toutes les instances juridictionnelles, qu'elles soient nationales ou européennes, confirment le fait que l'équipe médicale en charge de ce dossier est en droit d'arrêter les soins" de Vincent Lambert, a rappelé la ministre, sur BFMTV.
"Les parents de Vincent Lambert se sont retournés vers ce comité qui s'occupe des personnes handicapées, et non des personnes en état végétatif comme Vincent Lambert", et cet organisme a demandé de surseoir à un arrêt des soins "parce qu'ils n'ont que la version des parents", a-t-elle estimé.