Des peines d'un à quatre mois de prison ferme ont été requises mercredi à l'encontre de deux jeunes sympathisants d'extrême droite, dont le fils d'un membre du bureau politique du Front national, jugés à Angers (Maine-et-Loire) pour des insultes racistes et des violences lors d'une bagarre devant un bar de la ville en mai.
"Ton pote là, le Black, c'est une sous-race". La représentante du ministère public, Céline Maigné, a demandé au tribunal correctionnel d'Angers de condamner l'un des prévenus, âgé de 20 ans, à trois mois d'emprisonnement, dont un ferme, pour avoir traité de "sous-race" un client du bar angevin, dans la nuit du 5 au 6 mai, à l'avant-veille du second tour de l'élection présidentielle.
Il comparaissait pour avoir lancé à un "antifasciste" de 29 ans, accompagné de son ami d'origine rwandaise : "Ton pote là, le Black, c'est une sous-race. Moi j'ai un chien et un singe et même eux sont plus de race que lui."
Déjà condamné. Ce "supporteur du Front national", fils de l'ancien chef de file de la formation d'extrême droite dans les Pays de la Loire, Pascal Gannat, venait d'être condamné deux jours plus tôt par le même tribunal à dix mois de prison avec sursis et 175 heures de travail d'intérêt général pour violences en réunion et pour avoir proféré en octobre dans les rues d'Angers "À mort les Arabes, à mort les Noirs". "Ça ne l'a pas dissuadé de recommencer", a souligné la représentante du ministère public.
La volonté d'en découdre. À l'encontre d'un autre prévenu, âgé de 21 ans, poursuivi pour provocation publique à la haine raciale en proférant "Vive la race blanche", et pour les violences en réunion qui avaient éclaté à la sortie du bar, entre un groupe de six à dix sympathisants d'extrême droite et l'"antifasciste" de 29 ans, la magistrate a requis six mois de prison, dont quatre ferme. "Il affichait la volonté dès le début de la soirée d'en découdre, de choisir un ennemi", a insisté Céline Maigné, relevant qu'il doit être jugé à Nantes en janvier dans une affaire similaire.
Ce Nantais, dont le profil Facebook affiche le pseudo d'un dirigeant nazi à l'origine de la création des camps de concentration, ancien militant du GUD, a dit à l'audience avoir "rompu tout contact" avec ce syndicat étudiant d'extrême droite, depuis qu'il est en détention pour avoir passé à tabac deux militants antifascistes à Nantes, seulement deux jours après les faits d'Angers.
Six mois requis contre un troisième prévenu. Également écroué dans le cadre de cette violente agression à Nantes, un troisième prévenu, âgé de 19 ans, comparaissait aussi pour violences en réunion. Une peine de six mois de prison, assortie d'un sursis avec mise à l'épreuve pendant trois ans, a été requise à son encontre. Le jugement sera rendu le 29 novembre.