Le procès de Bernard Tapie pour "escroquerie", dans l'affaire de l'arbitrage frauduleux qui lui avait attribué 403 millions d'euros en 2008 pour solder son vieux litige avec le Crédit Lyonnais, s'est ouvert lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris. L'homme d'affaires et patron du groupe de médias La Provence, qui lutte à 76 ans contre un cancer de l'estomac, n'a fait aucune déclaration à son arrivée au tribunal, empruntant une porte dérobée qui lui a permis d'éviter les caméras et les micros des médias. Costume bleu sombre et chevelure blanche, Bernard Tapie s'est ainsi discrètement installé dans la 11ème chambre correctionnelle du tribunal.
Des conférences de presse improvisées. Dans la salle, il a interpellé les journalistes présents au premier rang, évoquant "une belle brochette". "Ils sont tous là", s'est-il exclamé, alors que l'un de ses avocats Hervé Temime tentait de le retenir. Régulièrement lors de l'audience, il s'est tourné vers l'assistance, comme pour vérifier si celle-ci était sensible aux arguments de ses avocats. Bernard Tapie, visiblement déterminé à livrer son combat face à la justice et dans l'opinion publique, s'est par la suite adressé directement aux journalistes en improvisant de petites conférences de presse lors des suspensions de séance, argumentant sur la façon dont il estime avoir été lésé par le Crédit Lyonnais.
Anecdote de cette première journée de procès, entièrement consacrée à des éléments de procédure : l'homme d'affaires, appelé à la barre à décliner son identité, a déclaré comme profession "acteur".
Procès #Tapie , qui a déclaré comme profession auprès du tribunal : acteur . Le seul des 6 prévenus à avoir des condamnations à son casier judiciaire
— triomphe chloe (@chloe8triomphe) 11 mars 2019
L'ancien patron de l'Olympique de Marseille doit être jugé pendant quatre semaines, jusqu'au 5 avril, pour "escroquerie" et "détournement de fonds publics". Il encourt sept ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.
Cinq hommes jugés à ses côtés. Cinq hommes comparaissent à ses côtés : son ancien avocat Maurice Lantourne, le patron d'Orange Stéphane Richard, directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde à l'époque des faits, l'un des trois arbitres ayant rendu la sentence frauduleuse, Pierre Estoup, et les deux ex-dirigeants des entités chargées de gérer le passif du Crédit Lyonnais, Jean-François Rocchi et Bernard Scemama. Ils sont renvoyés pour "complicité de détournement de fonds publics" et pour "escroquerie" ou "complicité d'escroquerie", accusés d'avoir mis en place un arbitrage qu'ils savaient favorable à l'homme d'affaires.
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Près de 525 millions d'euros de dette. L'ancien ministre de Pierre Bérégovoy s'était vu octroyer en 2008 quelque 400 millions d'euros - dont 45 au seul titre du "préjudice moral" - grâce à ce règlement privé utilisé pour mettre un terme au conflit né quinze ans plus tôt de la revente de l'équipementier sportif allemand Adidas. La sentence arbitrale a depuis été annulée pour "fraude" et Bernard Tapie est condamné à rembourser les sommes perçues, qui font elles aussi l'objet d'âpres batailles procédurales. Pour les créanciers, la dette s'élève désormais, avec les intérêts, à près de 525 millions d'euros.