Top départ vendredi après-midi pour la négociation sur l'assurance chômage : syndicats et patronat entament une discussion difficile, destinée à trouver plusieurs milliards d'euros d'économies à la demande du gouvernement.
Entre 3 et 3,9 milliards d'euros d'économies sur trois ans. Fin septembre, l'exécutif a annoncé la couleur aux partenaires sociaux. Il faudra faire entre 3 et 3,9 milliards d'euros d'économies sur trois ans. Objectifs principaux affichés : accélérer le retour à l'emploi, réduire la précarité et désendetter l'Unédic. Les partenaires sociaux ont déjà planché en 2018 sur une réforme qui a permis d'élargir l'indemnisation à davantage de démissionnaires et dans certains cas aux indépendants, promesse de campagne d'Emmanuel Macron. L'encre de cette réforme était d'ailleurs à peine sèche cet été que le président de la République leur a demandé de rouvrir le chantier et de réviser l'ensemble des règles d'indemnisation.
La question délicate des contrats courts. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, refuse "l'approche budgétaire" de cette négociation. Pour lui, l'important est de "maintenir un niveau d'indemnisation qui permette le retour à l'emploi, (...), un bon niveau d'indemnisation" et que soit traité le problème de "l'usage abusif des contrats courts". Cette question va être le nœud principal de la négociation.
Comment essayer d'enrayer la prolifération de ces contrats qui coûtent cher à l'Unédic ? Le candidat Macron avait promis d'imposer un "bonus malus" pour pénaliser les entreprises qui en abusent, mais le gouvernement souffle le chaud et le froid sur cette promesse depuis plusieurs mois. Cette idée a toujours hérissé le patronat et les partenaires sociaux n'ont jamais réussi à se mettre d'accord.
Vers une dégressivité des allocations pour les cadres ? Les huit organisations syndicales et patronales, gestionnaires du régime d'assurance chômage, vont aussi se pencher sur la "permittence", c'est-à-dire l'alternance entre emploi et chômage, qui englobe plusieurs dispositifs comme la possibilité de cumuler une partie d'allocation et de salaire. La révision du régime des intermittents est également en jeu. La question de la dégressivité des allocations, notamment pour les cadres, devrait elle aussi s'inviter à la table.
L'Etat reprendra la main en dernier recours. Au final, s'il n'est pas satisfait, l'Etat reprendra la plume. Il met en avant un financement opéré désormais pour partie via l'impôt (CSG) au lieu des cotisations sociales salariales pour avoir plus que jamais son mot à dire. Plusieurs syndicats alertent depuis des mois sur l'avenir même du paritarisme. A l'instar de FO, qui craint que si les partenaires sociaux n'arrivent pas "jusqu'au bout" de cette négociation, il s'agisse de la "dernière négociation Unédic". Côté patronat, le Medef, qui se dit "attaché à un système assurantiel et contributif géré de manière paritaire", s'inquiète de ce "système hybride". Il ne veut pas "servir de variable d'ajustement par les cotisations" et alerte sur le fait que 200 millions d'euros manquent aujourd'hui à l'appel.