Les révélations du "Petit journal", lundi soir, ont provoqué une vive polémique. Le patron de la pizzeria Casa Nostra, lieu d'une des fusillades des attentats du 13 novembre, aurait vendu les images de ses caméras de surveillance pour 50.000 euros au tabloïd britannique Daily Mail. Le gérant, Dimitri Mohamadi, a réfuté ces accusations mardi, au micro d'Europe 1. Pourtant, des preuves accablantes accréditent sa participation active à cette transaction.
"lls m'ont proposé de l'argent, je n'ai pas voulu". Interrogé par Europe 1, le gérant de la pizzeria se défend. "A aucun moment, je n'ai pensé à la vendre (cette vidéo, ndlr). Ils m'ont proposé de l'argent, je n'ai pas voulu", assure Dimitri Mohamadi. "Vous savez, j'ai réfléchi un moment. Je me suis dit : 'si je prends cet argent sur le sang des morts, comment pourrais-je le vivre ?' Je ne pourrais pas, alors j'ai refusé", plaide le gérant.
Pourtant, sur la vidéo diffusée par le Petit journal, des liasses de billets circulent de main en main. Mais alors, qui aurait pris cet argent ? "Des gens que je connais. Quelqu'un de la famille, un cousin éloigné", soutient le patron de la pizzeria.
Le gérant apparaît clairement. Pourtant, sur les images non floutées que nous avons pu consulter, on voit clairement le gérant, dans la cave de son restaurant, avec son "cousin". C'est ce dernier qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable.
Après 12 heures de négociations, le prix est fixé à 50.000 euros, en cash, avec l'assurance de l'exclusivité pour le Daily Mail. Tout une logistique se met alors en place pour aboutir à la transaction. Le "cousin" dort même dans la cave pour protéger les disques durs, en attendant le versement du Daily Mail. Un informaticien est ensuite appelé pour s'assurer du transfert des données. Et, selon plusieurs sources, un scénario est même échafaudé pour répondre à la presse une fois la vidéo rendue publique.
La mairie de Paris pas convaincue. Mais cette ligne de défense du gérant n'a pas convaincu la ville de Paris. En effet, la mairie a décidé de suspendre les 40.000 euros que devait recevoir le restaurant, comme tous les commerces touchés par les attentats. Une somme que le patron n'encaissera pas, sauf s'il reverse les 50.000 euros de cette transaction à des associations d'aides aux victimes.