Elle avait posé l'année dernière pour l'AFP, avec une couronne de fleurs sur la tête et sur son bras un tatouage aux armes et à la devise de Paris : Fluctuat nec mergitur, réalisé comme une forme de thérapie. Alexandra D. se présentait alors comme une victime du commando terroriste qui, le 13 novembre 2015, a semé la mort dans les rues de Paris. Sauf que la trentenaire n'était pas sur les lieux du drame le soir fatidique, et n'a donc jamais reçu à la terrasse du Carillon cette balle de kalachnikov à laquelle elle attribuait sa cicatrice au coude. L'association de victimes Life for Paris s'est aperçue de la supercherie au bout de plusieurs mois. Alexandra D. devait être jugée jeudi. Elle a finalement obtenu du tribunal correctionnel de Paris un nouveau report de son procès pour escroquerie et faux témoignage, et sera jugée le 2 octobre.
Des récits contradictoires. C'est en lisant les récits des rescapés dans différents médias que certains membres de l'association ont eu des doutes. Le témoignage d'Alexandra D. présentait différentes versions contradictoires. Alexis Lebrun, porte-parole de Life for Paris, se souvient d'une personnalité un peu dérangeante, qui a très mal pris la remise en cause de son statut de victime. "C'était quelqu'un d'extraverti. C'est un trait de caractère que l'on a retrouvé chez certaines autres fausses victimes. Elle postait beaucoup de messages", rapporte-t-il à Europe 1.
Les grandes douleurs sont muettes. "On s'est rendu compte que les personnes qui souffraient le plus, qui avaient été le plus touchées, souvent, souffraient en silence et n'avaient pas tendance à se mettre en scène avec un pathos dégoulinant. Tout était un peu too much", pointe encore Alexis Lebrun.
17 fausses victimes déjà identifiées. Après un signalement à la justice, l'enquête a permis de découvrir que la jeune femme aurait indûment touché 20.000 euros du fonds de garanti mis en place pour les victimes. Présentée une première fois à la justice fin juin, elle avait demandé le report de son procès pour préparer sa défense. Elle est soumise depuis à une obligation de soins. Au total l'association a déjà recensé 17 cas de fausses victimes des attentats déjà jugées ou en cours d'examen.