"Je n'ai aucun mort sur la conscience" : face aux questions des avocats et des parties civiles, Jawad Bendaoud, jugé en appel à Paris, a maintenu sa défense jeudi affirmant ignorer qu'il hébergeait deux djihadistes des attentats du 13 novembre 2015. Dans un climat tendu, Jawad Bendaoud a expliqué avec véhémence qu'il ne savait pas qu'Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, qu'il a hébergés dans son squat à Saint-Denis, étaient des djihadistes. Ils sont morts le 18 novembre au matin, dans l'assaut des policiers du Raid.
"T'es dealer, t'es un braqueur ? Tu viens chez moi, il n'y a pas de problème. (...) T'es un terroriste ? Tu ne rentres pas chez moi", s'est emporté Jawad Bendaoud. "Je sais que vous connaissez la vérité. Vous faites semblant pour satisfaire" vos clients, a continué le prévenu, en réponse aux questions de Gérard Chemla, un avocat de la partie civile, avant d'ajouter "Moi, je vais mourir en paix, je n'ai aucun mort sur la conscience".
"C'était flagrant, et j'ai rien vu." "Vous êtes complètement tarté vous !", lui a-t-il également lancé. "Vous, vous êtes des requins, moi je suis un dauphin. Et la justice, elle a des tentacules, des tentacules énormes", poursuit-il. "Nous sommes dans un débat judiciaire, pas dans une foire d'empoigne !", tente le président de la cour d'appel pour calmer le prévenu. A quel moment a-t-il su que les terroristes venaient de Belgique ? "Le 18 au matin", répond-il. "Abaaoud (un des cerveaux des attentats, ndlr) m'avait dit le soir (le 17) qu'il venait de Belgique. C'était flagrant, et j'ai rien vu. J'aurais dû me poser dans un coin et réfléchir", a-t-il dit.
C'est "la vraie vérité avec laquelle je vais mourir", "je vous jure sur la tête de mon fils", lâche encore Jawad Bendaoud pour appuyer ses propos. "L'impression que ça donne, c'est que vous vous êtes dit : 'C'est des terroristes, c'est pas des terroristes, peu m'importe, parce que la seule chose que je fasse, c'est louer un appartement'. C'est tout l'enjeu du dossier", a déclaré Me Chemla. L'interrogatoire doit se poursuivre avec les questions de l'avocate générale.