Un congrès pour alerter sur les dangers qui pèsent sur la biodiversité. Du 3 au 11 septembre, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le gouvernement français organisent un événement pour élaborer de nouveaux objectifs en matière de protection de l'environnement. Près de 90 États et des milliers d'ONG veulent trouver des solutions pour mettre fin à l'effondrement de la biodiversité dans le monde. Un rendez-vous marqué par la publication d'une nouvelle liste rouge des espèces menacées : 30 % des espèces étudiées le sont désormais.
"Deux tiers de perte des populations de vertébrés en moins de 50 ans"
Au micro de Julien Pearce sur Europe 1, Véronique Andrieux, présidente de l'organisation WWF France, se désole de cet énième rapport alarmant : "c'est absolument affligeant, choquant de voir que les rapports et les indices se succèdent et qu'on n'arrive pas à réagir à la hauteur des enjeux. C'est consistant avec le rapport planète vivante du WWF. Dans la dernière édition sortie en 2020, il faisait état de deux tiers de perte des populations de vertébrés sauvages en moins de 50 ans." Le rapport ne montre pas la situation par pays, mais le président Emmanuel Macron a laissé entendre que la France était une championne de la biodiversité lors de son discours inaugural.
"Les financements, le nerf de la guerre"
Pour la présidente du WWF France, "ce rôle, cette impulsion politique et diplomatique de la France au niveau international et aussi au niveau européen est à saluer parce que nous avons besoin d'avoir des Etats qui s'expriment, qui placent le sujet tout en haut de l'agenda de la communauté internationale." Lors de ce congrès, plusieurs annonces ont déjà été faites mais Véronique Andrieux reste prudente. "Nous avons plutôt un avis mitigé sur les annonces, avec du positif, mais certaines sont passées sous silence." Elle applaudit d'abord la volonté de transformer 5% de l'espace maritime français en Méditerranée en aire de protection forte d'ici 2027, contre 0,2% en 2021.
"La Méditerranée est dans un état catastrophique, critique, donc il est absolument impératif d'avancer dans ce sens", explique Véronique Andrieux. Toutefois, peu d'États prennent des engagements financiers pour réaliser ces mesures de protection. Le gouvernement français avance un plan de relance de 100 milliards d'euros dont seulement 0,25% est consacré à la biodiversité. Pour la présidente du WWF France, il faut pousser les pays à investir davantage. "Le nerf de la guerre, c'est les financements. C'est déjà difficile pour le climat. Il est absolument essentiel qu'il y ait des moyens fléchés vers la biodiversité. Or, aujourd'hui, ces 0,25% sont totalement insuffisant. C'est pourquoi nous avons proposé plusieurs mesures, notamment de mettre fin aux subventions publiques dommageables à la nature."
Le WWF France attend des mesures concrètes pour répondre à la "crise de la biodiversité". L'ONG espère que les entreprises et le secteur financier seront présents pour créer un "capital naturel" et donner plus de place à la défense de la nature.