"Ce n’est pas notre façon de nous exprimer". Issa Bidard, 18 ans, et Yanis Rezzoug, amis depuis le collège, constatent avec amertume les lourds dégâts provoqués à Bobigny par les violences de la veille. Dans Le Monde, les deux jeunes organisateurs du rassemblement réclamant "Justice pour Théo" avouent être "déçus et un peu tristes" de la tournure prise par les événements.
Démarches pour assurer la sécurité. La manifestation avait pourtant débuté dans le calme, samedi à 16 heures, dans la ville de Seine-Saint-Denis. Près de 2.000 personnes s’étaient déplacées pour dénoncer les violences policières, selon la préfecture de police de Paris. Vendredi, "quand on a vu l’écho que cette mobilisation rencontrait, nous avons, en plus de la déclaration en préfecture, été voir le commissaire afin de lui permettre d’anticiper et d’assurer la sécurité de notre rassemblement", assurent dans un communiqué les deux Balbyniens, qui n'ont cessé d'insister sur l’aspect "pacifique" du rassemblement. "Nous savons que si ça tourne mal, c’est nous tous qui allons prendre", déclarait même Yanis, étudiant en histoire, samedi.
Appels au calme. Mais vers 17h30, des policiers postés sur une passerelle ont reçu des projectiles. Des bruits de pétards et des mouvements de foule ont suivi. Des casseurs s'en sont pris à des vitres d'immeubles et au mobilier urbain, incendiant quatre véhicules et plusieurs poubelles. La police a riposté par des tirs de Flash-Ball et de grenades lacrymogènes. Après avoir appelé au calme, en vain, Issa et Yanis n’ont eu d’autre choix que d’appeler la foule à se disperser. Eux-mêmes ont préférer quitter les lieux. "Ce n’était plus notre place, ni celle des manifestants, tous des pacifistes", souligne Issa, qui habite la cité Karl Marx, à Bobigny.
Un mélange de déception et de fierté. Les deux jeunes organisateurs n’en oublient pas le côté positif de la mobilisation. "Nous avons réussi à faire bouger les quartiers populaires, à les réveiller", se félicite notamment Yanis. "Les 2.000 personnes présentes au rassemblement n’ont rien fait de mal. Les gens bien intentionnés le savent et ne feront pas d’amalgames", ajoute Issa, qui compte bien continuer le combat. "Sans justice, pas de paix !", concluent-ils.