Des défenseurs de l'environnement ont porté plainte contre "X" pour mise en danger de la vie d'autrui afin de faire cesser les rejets de l'usine d'alumine Alteo de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, qui a répandu des "boues rouges" pendant des décennies dans le Parc national des Calanques. Depuis fin 2015 Alteo a cessé ses rejets en mer de "boues rouges" toxiques, ne rejetant plus qu'un effluent liquide. Le résidu solide est lui entreposé sur un terrain de Bouc-Bel-Air.
Dépassement des valeurs limites. S'appuyant sur le compte-rendu d'une série d'incidents relevés par des experts de l'Etat, les plaignants estiment que ces rejets demeurent dangereux, pour les riverains de l'aire de stockage et pour le milieu marin. La plainte souligne des dépassements des valeurs limites pour les rejets liquides, ainsi qu'un nuage de poussière de bauxite qui s'était abattu début avril, un jour de grand vent, sur un lotissement de Bouc-Bel-Air. Huit plaignants, dont des riverains de la zone de stockage de Bouc-Bel-Air, un pêcheur de La Ciotat, ainsi que l'association de défense du milieu marin ZEA et ses responsables, ont saisi le procureur d'Aix-en-Provence. Dans leur plainte, ils dénoncent notamment une mise en danger de la vie d'autrui "par la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité".
"L'impact est très négligeable". Eric Duchenne, directeur industriel et développement durable d'Alteo, a répété "l'engagement de l'entreprise à contenir les poussières au quotidien" pour les riverains du site de Bouc-Bel-Air, tout en répétant que "le produit stocké est non dangereux et non toxique". Concernant les effluents liquides rejetés en mer, il a répété que "l'impact est très négligeable", regrettant que les opposants à Alteo "ne s'embarrassent pas de la rigueur scientifique nécessaire". La plainte est déposée contre "X" car "l'industriel n'est pas le seul responsable" : "Il y a aussi les ministres et l'Etat", a expliqué le fondateur de l'association ZEA, Olivier Dubuquoy.
Bras de fer au sein du gouvernement. Selon la plainte, les pouvoirs publics ont privilégié en connaissance de cause le maintien de l'emploi, malgré les risques pour la santé, notamment fin 2015, lorsqu'une autorisation de dérogation sur les rejets liquides a été accordée jusqu'en 2021. Ce feu vert avait été donné au terme d'un bras de fer au sein du gouvernement, par le Premier ministre Manuel Valls, contre l'avis de Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, mais conformément à celui d'Emmanuel Macron, alors à Bercy, selon un compte-rendu de la réunion de l'époque.