Le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, a exclu vendredi la fermeture du centre de déradicalisation de Pontourny, en Indre-et-Loire, rejeté par une partie de la population locale, tout en reconnaissant que les "premiers résultats montrent qu'il faut encore continuer à travailler" pour en améliorer le fonctionnement.
"Ne pas baisser les bras". "Il faut prendre ce problème de la déradicalisation avec beaucoup d'humilité, mais il ne faut pas baisser les bras", a déclaré le ministre en déplacement à Bordeaux, où il a visité le Centre d'action et de prévention contre la radicalisation des individus (Capri), structure associative lancée fin 2015. "Quand on voit que des structures sont dures à mettre en oeuvre, quand on voit qu'elles évoluent dans un environnement un peu difficile, je demande de la sérénité", a poursuivi le ministre, en référence au centre de Pontourny où il a reconnu l'existence "de tensions sur le personnel et dans la population".
Le ministre a indiqué qu'il rencontrerait "dans les prochains jours très certainement tous les acteurs" œuvrant autour de ce centre. "Je veux que nous tirions les enseignements de ce qu'il s'est passé pendant ces premiers mois pour évaluer, apporter des corrections et faire en sorte que ce centre puisse mieux fonctionner", a-t-il ajouté.
Compromis. Le Centre de prévention, d'insertion et de citoyenneté (CPIC) de Pontourny, situé dans la commune de Beaumont-en-Véron, près de Chinon, est un projet expérimental de lutte contre la radicalisation lancé par l'État. Il s'était heurté à son ouverture en juillet à l'hostilité des riverains et à des réticences de la part des élus. En guise de compromis, le gouvernement s'était engagé à n'intégrer dans ce centre que des volontaires qui ne seraient "pas sous main de justice pour faits de terrorisme, n'auraient pas tenté d'aller en Syrie ou n'auraient pas été condamnés pour des faits de violence".
Le "couac de trop". En septembre, un pensionnaire originaire du Nord avait été exclu après la révélation de précédentes condamnations pour des faits violents. Le 17 janvier, un des pensionnaires, Mustafa S., 24 ans, a été interpellé dans le Bas-Rhin lors d'une opération antiterroriste de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Le jeune homme faisait partie de la filière djihadiste de Strasbourg, un groupe de jeunes originaires du département qui avaient tenté de rallier la zone irako-syrienne entre 2013 et 2014.
Le député PS de la circonscription, Laurent Baumel, avait dénoncé un "couac de trop" et un "concept qui ne fonctionne pas", estimant que "la question de la fermeture du centre est clairement posée".