Le Conseil d'Etat a tranché, vendredi : l'arrêté "anti-burkini" de Villeneuve-Loubet constitue une atteinte "grave" et manifestement illégale" aux libertés fondamentales. La plus haute juridiction administrative a donc décidé de le suspendre, rappelant les maires au "respect de la loi". Mais plusieurs d'entre eux, dont ceux de Nice et Fréjus, ne l'entendent pas de cette oreille et ont annoncé, dès vendredi soir, le maintien de leurs arrêtés similaires.
Des arrêtés pris après des affrontements. Parmi la trentaine de municipalités qui, comme Villeneuve-Loubet avaient exigé une tenue "correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité", plusieurs persistent. La mairie de Sisco, en Haute-Corse, maintient son arrêté, pris au lendemain d'une violente rixe entre des Marocains de Furiani et des villageois dans sa commune, mi-août. Dans les Alpes-Maritimes, le maire de Mandelieu-la-Napoule, première commune à avoir adopté un tel arrêté en 2013, a assuré, vendredi soir, vouloir maintenir son application. Le maire rappelle avoir pris cet arrêté suite à des affrontements sur une plage "entre des personnes qui se baignaient habillées et d'autres qui leur demandaient de quitter le plan d'eau". Le député-maire LR du Touquet, Daniel Fasquelle, a également indiqué que son arrêté "continuerait de s'appliquer", invoquant les dangers liés au fait de se baigner habillé.
"L'arrêt de Fréjus est toujours valable". A Nice, les femmes portant un burkini "continueront d'être verbalisées", tant que l'arrêté n'est pas invalidé, a expliqué la commune. Le maire FN de Fréjus, David Rachline, estime quant à lui que "l'arrêté de Fréjus est toujours valable". "Aucune procédure n'est en cours contre notre arrêté", a-t-il affirmé, rappelant que le texte court jusqu'au 12 septembre. Comme Christian Estrosi, le président LR de la région PACA et de la métropole Nice Côte d'Azur, David Rachline "milite pour que la loi soit modifiée". A noter que le principal intéressé, Lionnel Luca, maire de Villeneuve-Loubet, a également annoncé le maintien de l'interdiction, vendredi, tout en se prononçant pour une évolution législative.
Fin de la saison touristique. À Leucate, dans l'Aude, le maire LR Michel Py a également maintenu son arrêté, tout en considérant "qu'il n'y a pas lieu de le prolonger après le 31 août car l'essentiel de la saison touristique est passée". Dans la plupart des cas, la résistance est en effet symbolique : les arrêtés ont une durée d'application limitée à fin août ou mi-septembre selon les cas, et les verbalisations ont été rares. "Tous ces arrêtés, s'ils s'ont maintenus, vont être attaqués", a tout de même averti Me Patrice Spinosi, avocat de la Ligue des droits de l'Homme, samedi.
La seule municipalité à avoir, pour l'instant, décidé de suspendre l'interdiction suite à la décision du Conseil d'Etat, se situe dans le Pas-de-Calais. Il s'agit d'Oye-Plage, où la mairie a annoncé vendredi que "les arrêtés affichés sont retirés ce jour-même."