Quelque 260 organisations et personnalités, dont l'humoriste Guy Bedos et la créatrice Agnès B., demandent l'annulation de l'arrêté d'expulsion des migrants campant dans la moitié sud de la "jungle" de Calais, dans une tribune publiée lundi dans Le Monde.
176 personnalités et 85 organisations. "Les jours prochains, nous irons à Calais pour le clamer haut et fort : nous ne sommes pas condamnés à choisir entre la "jungle" et sa destruction. Nous refusons de réduire la France à des barbelés et des bulldozers", écrivent les auteurs de ce texte. Cette tribune est signée par 176 personnalités, dont l'humoriste Guy Bedos, la créatrice Agnès B., le cinéaste Laurent Cantet et le musicien Rodolphe Burger, et 85 organisations, parmi lesquelles la Cimade, la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Syndicat de la magistrature. Elle a reçu le soutien des partis Europe Ecologie-Les Verts, Ensemble! et NPA.
" Nous refusons de réduire la France à des barbelés et des bulldozers "
Ni l'un ni l'autre. La préfecture du Pas-de-Calais a pris vendredi dernier un arrêté ordonnant aux occupants (entre 800 et 1.000 selon les autorités, 3.450 pour des associations) de la zone sud du camp dit de la Lande de quitter les lieux d'ici mardi 20h. "Personne ne saurait accepter le maintien en l'état du bidonville de Calais, pas plus que du camp de Grande-Synthe, ni d'aucun autre", écrivent les pétitionnaires. "Pour autant", poursuivent-ils, "il n'est pas question non plus de cautionner l'évacuation annoncée, non seulement parce qu'elle est inhumaine, mais aussi parce qu'elle ne résoudra rien".
Les conditions de vie dénoncées. Les signataires critiquent les conteneurs du centre d'accueil provisoire (CAP) aménagé à proximité du campement. "Le fait est qu'il s'agit de cabanes de chantier, avec dans chacune, des lits superposés pour douze personnes, où l'on ne peut qu'être debout ou couché ; toute installation de mobilier y est interdite, toute intimité impossible", affirment-ils. Ils estiment aussi que les 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) mis en place en France pour désengorger Calais "ont été conçus comme des solutions à très court terme ; après leur fermeture, qu'adviendra-t-il des personnes qui y auront été envoyées ?"
"Conteneurs, CAO, expulsion, dispersion : ces réponses ne feront qu'aggraver le sort des migrants sans régler le problème auquel est confrontée la région du Calaisis, pas plus qu'en son temps la fermeture du camp de Sangatte", assurent les signataires, qui accusent l'Etat de "monter" les habitants contre les réfugiés "en abandonnant les uns et les autres".