Accès insuffisant au droit, conditions indignes... La contrôleuse des prisons a livré mercredi un constat sévère de la mise en rétention des migrants de la "Jungle" de Calais, parlant d'un "usage détourné de la procédure", cause d'"atteintes graves aux droits fondamentaux".
"Désengorger Calais" sans retour au pays. Depuis octobre, "le placement en rétention administrative est utilisé non pas aux fins d'organiser le retour dans les pays d'origine", mais "dans le seul objectif de déplacer plusieurs centaines de personnes interpellées à Calais", où le bidonville a compté jusqu'à 6.000 migrants, écrit la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, dans ses recommandations. In fine ce recours aux Centres de rétention administrative (CRA) vise à "désengorger Calais", ajoute la contrôleuse dans cet avis daté du 13 novembre, et publié au Journal officiel avec la réponse du ministre de l'Intérieur.
"Utilisation détournée". "Il s'agit là d'une utilisation détournée de la procédure qui entraîne des atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes ainsi privées de liberté", ajoute Adeline Hazan, qui "recommande qu'il y soit mis fin". Des mises en cause contestées par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui parle dans sa réponse de "dispositif temporaire" dans un contexte "de pression migratoire d'une ampleur inédite", et assure que les placements sont réalisés "dans le strict respect des garanties juridiques".
Cazeneuve rappelle les "grosses difficultés" de Calais. "Tous les étrangers placés en CRA ont vocation à être éloignés", affirme le ministre, pour qui "la concomitance d'actions de lutte contre l'immigration irrégulière et de sécurisation" de zones sensibles à Calais (port ou tunnel) "ne caractérise pas" un détournement de procédure mais illustre "un traitement global et coordonné" d'une situation "posant de graves difficultés".