La nuit de mercredi à jeudi a encore été tendue à Calais. Depuis lundi, c'est plus de 3.500 migrants qui ont tenté, la nuit, de pénétrer dans le tunnel sous la Manche. Un d'entre eux est mort dans la nuit de mardi à mercredi en tentant d'atteindre une navette. C'est le neuvième décès depuis juin.
Les infos à retenir
- Des centaines de migrants ont essayé d'atteindre le Royaume-Uni dans la nuit de mercredi à jeudi
- La police aurait procédé à 300 interceptions
- 120 CRS sont arrivés mercredi soir en renfort à Calais
- Eurotunnel se dit victime d'"invasions systématiques" et avance avoir stoppé 37.000 migrants depuis janvier
1.000 migrants aux alentours du site. Comme les nuits précédentes, celle de mercredi à jeudi a été l'occasion de re-tenter de passer la Manche pour plusieurs centaines de migrants. Les policiers ont procédé à 300 interceptions, selon une source syndicale et les forces de l'ordre ont comptabilisé 800 à 1.000 migrants aux alentours du site.
De son côté, Eurotunnel n'avançait pas encore de chiffres pour la nuit, estimant à première vue qu'elle avait été un peu moins intense que les précédentes, où l'on comptait en moyenne 1.500 à 2.000 tentatives d'intrusion. La sécurisation du site a été "très bien coordonnée avec les nouvelles équipes (des forces de l'ordre) arrivées dès hier (mercredi) soir", a souligné une porte-parole d'Eurotunnel.
Le jeu du chat et de la souris. Le scénario pour tenter de gagner "l'Eldorado" de l'autre côté de la Manche, est toujours le même. Ils se glissent discrètement sous les grillages, puis, se cachent derrière les wagons en stationnement et longent les quais une fois la nuit tombée. D'autres passent en force devant une dizaine de policiers et se lancent dans le jeu du chat et de la souris. Cette nuit, des Syriens ont par exemple attiré les policiers d'un côté pour permettre à d'autres d'accéder plus facilement à l'entrée du tunnel. S'ils tentent le tout pour le tout, c'est que certains réussissent à passer au Royaume-Uni.
"Fonder une famille en Angleterre". Moussa, un Soudanais de 27 ans, par exemple, a cinq de ses amis qui ont réussi le passage ces deux derniers jours. Après avoir vu sa famille mourir sous ses yeux et avoir traversé les Alpes à pied, il n'a qu'un rêve : fonder une famille en Angleterre et amener ses enfants à l'école. Et les 120 CRS attendus en renfort jeudi ne semble pas lui faire changer d'avis.
Eurotunnel-France, le ton monte. Eurotunnel s'est dit mercredi la victime d'"invasions systématiques", avançant le chiffre de 37.000 migrants stoppés depuis janvier. "Eurotunnel a alerté depuis plusieurs mois la Commission intergouvernementale du tunnel sous la Manche et les pouvoirs publics" sur l'explosion de ce chiffre, a souligné l'exploitant du tunnel dans un communiqué mercredi, ajoutant que la situation "dépasse ce qu'un concessionnaire peut raisonnablement faire".
Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur a rétorqué, pour sa part, qu'Eurotunnel devait "prendre ses responsabilités", tout en annonçant la venue de 120 CRS supplémentaires. Le ministre a finalement rencontré mercredi le PDG d'Eurotunnel, Jacques Gounon afin de faire retomber la pression. Selon un communiqué du ministère, le "dialogue" est "continu" et les deux hommes "s'accordent sur la nécessité de renforcer encore la sécurisation du site dans un esprit de responsabilité partagée". Une réunion est prévue jeudi au ministère pour "identifier les aménagements nécessaires" et "intensifier la coopération".
Une centaine de migrants occupent le local de Ni putes ni soumises à Paris. Jeudi après-midi, près de 150 migrants ont investi les locaux de l'association féministe, situés dans l'est de Paris (photo). Une réunion entre des représentants de l'association et les clandestins a eu lieu en début d'après-midi jeudi, alors qu'aucune présence policière n'était visible aux alentours.
Mercredi, un campement de 240 migrants, essentiellement Érythréens et Soudanais, avait été évacué dans le calme rue Pajol dans le nord de Paris. "Ce qui m'étonne, c'est que les médias ont annoncé qu'ils avaient relogé tout le monde et là, on les voit débarquer d'un coup", a commenté la présidente de NPNS, Linda Fali. "On va appeler la mairie de Paris qui s'était engagée à leur fournir une solution durable d'hébergement et s'ils ne prennent pas leurs responsabilités, on contactera les ministères concernés", a-t-elle ajouté.