Des supermarchés et hypermarchés bloqués ou fermés, des entrepôts à l'arrêt et des gondoles dégarnies : les syndicats de Carrefour entendent frapper fort face aux "attaques" de la direction, avec une "grève générale" samedi, en plein week-end de Pâques.
Une grève à la mesure de la colère. "Exceptionnel" selon FO, voire inédit selon la CFDT, le mouvement qui s'annonce est à la mesure de la colère qui gronde parmi les salariés du géant de la grande distribution. De leur "inquiétude" aussi, dit la CGT. Il traduit également une très forte "dégradation" du dialogue social, dénoncée par tous les syndicats. À la suppression de milliers d'emplois annoncée en janvier, au projet de passage en location gérance de plusieurs hypermarchés (cinq confirmés, une quarantaine potentiellement visés), aux craintes sur l'avenir à long terme d'autres milliers d'emplois (logistique, réduction de 100.000 m² des surfaces des hypermarchés), s'est ajouté le "mépris" ressenti par les salariés face à une "aumône".
Une baisse drastique de la participation. L'annonce d'une participation moyenne de 57 euros, contre 610 l'an dernier, c'est "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", dit Sylvain Macé (CFDT). "L'ébullition" s'est manifestée bien avant samedi par des débrayages et manifestations spontanés dans des magasins et des plateformes logistiques, souligne Michel Enguelz, représentant de FO, premier syndicat du groupe. "Consciente de l'impact de cette baisse sur le pouvoir d'achat", la direction a proposé de relever ce montant à 407 euros, via un complément forfaitaire d'intéressement de 350 euros. Sans désamorcer la fronde. Les actionnaires vont toucher, eux, 356 millions d'euros de dividendes, font valoir les syndicats qui anticipent aussi des négociations salariales au rabais.
Signe que le mécontentement touche aussi les cadres, considérés comme "la dernière roue du carrosse", leur syndicat, le SNEC CFE-CGC, s'il ne s'associe pas au mouvement de grève, les appelle à la "déconnexion totale" de 9 heures à 11 heures vendredi dans toutes les sociétés du groupe.
Une méthode vivement contestée. Annonces par voie de presse avant d'en informer les représentants du personnel, négociations "à marche forcée", pas de réponse aux revendications formulées : les syndicats sont unanimes à s'élever contre la "méthode" depuis qu'Alexandre Bompard, qui a pris les rênes du groupe l'été dernier, a dévoilé le 23 janvier son "plan de transformation". Menées dans un calendrier très resserré, les négociations sur le plan de départs volontaires (PDV) qui vise les sièges du groupe (2.400 suppressions de postes sur 10.500) se sont achevées mercredi. Celles sur le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) accompagnant la fermeture de 273 magasins de proximité (ex-Dia) avec à la clé quelque 2.300 emplois supprimés devraient l'être jeudi.
Sur le PSE, Michel Enguelz évoque quelques "avancées", sur la durée du congé de reclassement ou le budget formation. Même son de cloche à la CFDT, qui reste toutefois, comme la CGT, "très sceptique sur les capacités" du groupe à reclasser les salariés.