«C'est ubuesque» : malgré sa surpopulation, la prison des Baumettes à Marseille fait construire... un théâtre
La prison des Baumettes est confrontée à une surpopulation carcérale. Dans l'établissement marseillais, presque chaque cellule compte au moins trois détenus, certains dormant sur un matelas à même le sol. Face à cette situation, une nouvelle aile est en construction. Au programme : de nouvelles places et un théâtre. De quoi indigner le personnel, confronté à des conditions de travail difficiles.
À Marseille, la situation est difficile dans la prison des Baumettes. L'établissement pénitentiaire est grandement touché par la surpopulation : la prison est actuellement à 200% de ses capacités. Des détenus dorment sur des matelas à même le sol, rendant la situation explosive, alerte le personnel de la prison.
Un projet "ubuesque"
Pourtant, les Baumettes vont s'agrandir prochainement. Avec le nouveau secteur Baumettes 3 qui doit être inauguré cette année, 700 nouvelles places de prison annoncées et également... un théâtre pour les détenus.
"Comment on peut valider un théâtre ? Ça nous prend la place d'un bâtiment !", se désole Cathy Forzi de FO justice. "On manque de place de prison, on est en surpopulation carcérale, moi, je trouve ça immonde. C'est ubuesque car on aurait pu faire d'autres places. C'est la directrice qui a validé ce projet. Elle a d'abord construit un restaurant, maintenant un théâtre... Prochaine construction, elle va faire quoi, un cinéma ?", s'agace la surveillante.
Des prisonniers en supériorité numérique
L'incompréhension règne parmi le personnel, car les conditions de travail sont déjà explosives au quotidien pour les surveillants, comme Marc Bercane du syndicat SPS. "Il y a trois détenus dans 9m2, sauf que le bâti est prévu pour un emprisonnement individuel, donc CQFD. Vous êtes un surveillant, vous ouvrez la cellule et si les esprits s'échauffent, alors vous êtes dans un rapport de 3 contre 1", analyse-t-il.
Un point que les détenus savent également. "Ils le sentent, ils le savent qu'ils sont plus nombreux que les surveillants. Et malheureusement, on peut en faire le constat, avec des agressions de surveillants mais aussi entre les détenus", confie-t-il. En octobre dernier, un détenu avait tué par son voisin de cellule.