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Chaleur, pluies, inondations... Pourquoi le yo-yo climatique favorise la prolifération des moustiques tigres

Romain Rouillard / Crédit photo : CDC / BSIP / BSIP VIA AFP - Mis à jour le . 2 min
Le moustique tigre prolifère depuis de nombreuses années dans l'Hexagone.
Le moustique tigre prolifère depuis de nombreuses années dans l'Hexagone. © CDC / BSIP / BSIP VIA AFP

Présents depuis plusieurs années en région parisienne, après avoir achevé leur colonisation du sud de l'Hexagone, les moustiques tigres semblent particulièrement nombreux cette année dans la moitié nord du pays. Si aucun chiffre ne permet de l'affirmer, le yo-yo climatique observé lors de cet été 2023 en France peut favoriser leur prolifération.

Il empoisonnait déjà la vie des habitants du sud de la France depuis plusieurs années, le voilà désormais implanté dans les trois quarts du pays. L'Aedes albopictus, plus communément appelé "moustique tigre", fait partie intégrante du quotidien des Franciliens. Si sa présence autour de la capitale n'a rien de nouveau, le petit insecte semble intensifier sa colonisation des lieux. Au point de pousser certaines municipalités à mener des opérations de démoustication, comme à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, après la confirmation d'un cas de dengue importée. 

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Car si sa taille n'excède pas 5 mm, le moustique tigre, reconnaissable à sa taille plus réduite et ses rayures noire et blanche, peut véhiculer certaines maladies : le chikungunya, la dengue, donc, mais aussi le virus Zika. Toujours dans les Hauts-de-Seine, la ville de Rueil-Malmaison , accueillera prochainement une équipe de l'Agence régionale de santé, pour tenter de limiter la prolifération du parasite, indique Le Parisien . Et à Paris, un puissant pesticide a également été pulvérisé dans un quartier du XIIIe arrondissement, une première dans la capitale

Un yo-yo climatique

De telles opérations ont de quoi questionner quant à la présence du moustique tigre en région parisienne, qui paraît encore plus massive cette année, par rapport aux étés précédents. À ce jour, aucun chiffre ne permet de corroborer cette impression générale. Toutefois, le climat de l'été 2023 , parfois illisible entre vagues de chaleur intenses et météo automnale, s'est avéré particulièrement propice à la prolifération de ces insectes nuisibles. 

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"Bien sûr, les moustiques sévissent volontiers lorsqu'il fait chaud, mais ils se reproduisent surtout lorsqu'il y a des eaux stagnantes. Et très souvent, lorsque vous avez ces modifications de climat, vous avez des ondées extrêmement importantes et des inondations dans des périodes où, précisément, il fait chaud et lors desquelles il y a plus de moustiques", explique Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches dans les Hauts-de-Seine. Un yo-yo climatique qui pourrait donc expliquer, en partie, une prolifération inhabituelle. 

"Un cycle de reproduction deux fois plus rapide" 

"Ces inondations dans des grandes zones, liées aux violentes pluies, ont permis à des larves asséchées de commencer leur cycle de maturation. De quoi créer une base de multiplication très importante", appuie Stéphane Robert, président du site d'information Vigilance Moustiques. D'autant que les œufs du moustique tigre s'accommodent assez bien de la privation d'eau, rendant ainsi l'espèce plus résiliente face aux épisodes de sécheresse. Quant aux fortes chaleurs, "elles raccourcissent le délai de transformation de la larve en moustique adulte. Au lieu de durer 10 à 12 jours, cela peut être ramené à 6-7 jours. On va donc observer un cycle de reproduction deux fois plus rapide", ajoute-t-il.

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Au regard du dérèglement climatique, la prolifération du moustique tigre, importé d'Asie en 2004, ne devrait pas s'interrompre de sitôt. Et sa présence dans l'Hexagone tend à se densifier. Pour tenter de la juguler, les opérations de démoustication constituent "un bon départ", selon Benjamin Davido mais pourraient ne pas suffire. "Il faudra probablement s'équiper d'outils de surveillance comme des enquêtes qui détermineront sur ces mesures suffisent à éteindre de potentiels gîtes de larves de moustiques et donc éviter des contaminations autochtones", préconise l'infectiologue. L'enjeu est de taille à moins d'un an des Jeux olympiques qui attireront des millions de voyageurs du monde entier dans la capitale... Et peut-être aussi quelques moustiques tigres.

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