Si le robot ChatGPT émerveille la communauté scientifique, il est accueilli avec plus d'appréhension par le corps enseignant. De nombreux étudiants pourraient être tentés de solliciter cette intelligence artificielle - capable de rédiger du texte à partir d'une simple question - pour composer leurs travaux universitaires. La machine a ingurgité l'intégralité des textes disponibles sur Internet jusqu'en 2021 et présente un niveau de connaissance assez bluffant sur une multitude de sujets divers et variés. "Cet outil (...) interroge fortement les acteurs de l'éducation et de la recherche dans le monde entier sur le sujet de la fraude en général, et du plagiat en particulier", reconnaît Sciences Po dans une lettre adressée aux enseignants et rendue publique par BFMTV.
Devant l'ampleur du phénomène, la célèbre école a décidé de prendre le taureau par les cornes en indiquant dans cette lettre que l'utilisation de ChatGPT est "strictement interdite lors de la production de travaux écrits et oraux". Les contrevenants s'exposent à de sévères sanctions "pouvant aller jusqu'à l'exclusion de l'établissement voire de l'enseignement supérieur". Sergueï Guriev, directeur de la formation et de la recherche, et auteur de cette lettre, appelle l'équipe enseignante à la vigilance : "Je sais pouvoir compter sur votre engagement pour garantir aux apprentissages et diplômes une qualité fondée sur une intégrité académique rigoureuse".
Une utilisation difficile à prouver
Néanmoins, l'établissement ne compte pas pour autant enfouir le sujet sous le tapis. "Les enjeux liés à ces outils de génération de langage vont inévitablement et rapidement faire évoluer les pratiques pédagogiques et les évaluations des enseignements", écrit Sergeï Guriev. Et d'annoncer la tenue prochaine d'une conférence sur l'enseignement et la recherche du futur "dans un écosystème où l’IA prend une place de plus en plus importante".
Si ChatGPT cause bien des tourments au corps enseignant, son utilisation reste extrêmement difficile à prouver. Cette semaine, un professeur de sociolinguistique de l'Université d'Aix-Marseille s'est retrouvé confronté au problème. "Voilà : premier gros soupçon d'un devoir écrit à l'aide de ChatGPT. Pas de copié-collé apparent, mais un texte rédigé de manière impeccable et assez subtile, sans fautes, de la part d'un étudiant qui avait eu 4/20 et 7/20 à ses premiers devoirs. Je fais quoi moi ?", a-t-il twitté.
Voilà : premier gros soupçon d'un devoir écrit à l'aide de #ChatGPT...
— Médéric Gasquet-Cyrus (@MedericGC) January 25, 2023
Pas de copié-collé apparent, mais un texte rédigé de manière impeccable et assez subtile, sans fautes, de la part d'un étudiant qui avait eu 4/20 et 7/20 à ses premiers devoirs.
Je fais quoi moi ?...
Interrogé par Europe 1 ce vendredi, Myriam Dubois-Monkachi, directrice de la formation initiale à Sciences Po, attend avec impatience le développement de logiciels capables de déceler l'utilisation de ChatGPT : "On utilise déjà un outil anti plagiat à Sciences Po et quand on aura cet outil anti plagiat pour ChatGPT, on le mettra en œuvre de la même manière".