Christophe Castaner a adressé une lettre aux syndicats de policiers, vendredi soir (photo d'archives). 3:27
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Guillaume Biet et Margaux Lannuzel
Le ministre de l'Intérieur a adressé une lettre aux syndicats de policiers, vendredi soir, dans un contexte de crise de confiance entre l'exécutif et les forces de l'ordre. Un changement de ton sur la forme, mais pas sur le fond, qui laisse les principaux intéressés dubitatifs, comme en témoigne sur Europe 1 David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale. 
INTERVIEW

Christophe Castaner saura-t-il éteindre la colère des policiers ? Alors qu'une crise de confiance s'est installée entre les forces de l'ordre et le ministre de l'Intérieur, ce dernier a adressé une lettre à leurs syndicats, vendredi soir. Sur le fond, il ne change rien à ses annonces du début de semaine, notamment concernant l'interdiction de la technique d'interpellation dite d'étranglement. Mais sur la forme, les mots et le calendrier sont assouplis. "Le dialogue n'est pas rompu, mais il y a une crise de confiance", a réagi le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, David Le Bars, dimanche sur Europe 1. 

"Il faut bien interpeller les gens"

"Il y avait deux points de crispation importants", explique le responsable syndical, qui évoque d'abord la notion de "soupçon avéré" de racisme, que Christophe Castaner avait présenté comme un motif de suspension systématique des policiers. "Il est revenu sur cette formule et il reconnaît cette maladresse", estime David Le Bars. "Il est bien évident qu'on ne peut pas être condamné sur la base d'un soupçon, mais sur la base d'un fait avéré, ce sujet là est balayé."

"En revanche sur la notion de clé d'étranglement, qui est un sujet qui peut faire peur à nos concitoyens, le ministre maintient l'interdiction", déplore le secrétaire général. "Il vient nous apporter une réponse qu'on va devoir interpréter. (...) On voit bien la limite d'un ministre de l'Intérieur sur un sujet technique, et l'embarras dans lequel il se trouve. Parce qu'il se rend compte que ce sujet technique est celui des professionnels de la sécurité : il faut bien interpeller les gens. Il est bien évident que les policiers ne sont pas là pour étranger les gens."

"Chaque mot" d'Emmanuel Macron "va être important"

Un groupe de travail doit proposer de nouvelles techniques d'interpellation d'ici septembre. En attendant, le Taser ne sera pas généralisé, mais expérimenté ça et là, et davantage de caméras piéton seront déployées. Cela suffira-t-il à apaiser la grogne policière ? "C'est aux policiers de savoir s'ils considèrent ou non que le problème est réglé, on va voir ça dans les prochains jours", répond David Le Bars, qui prévient : "Il n'est pas certain que ce courrier suffise."

Quant au discours d'Emmanuel Macron, dimanche soir, le responsable syndicat dit attendre "à la fois une parole forte et une parole qui élève le débat, pour qu'on sorte de ces polémiques qui sont insupportables, qui essaient de stigmatiser une profession pour en faire une profession raciste. Chaque mot va être important et écouté attentivement."