Colin pané, surimi, brandade de morue ou encore thon en boîte, les Français en raffolent. Mais tous les produits de la mer qui se retrouvent dans nos assiettes ne se valent pas. Le magazine 60 millions de consommateurs, en partenariat avec WWF, fait le point sur la durabilité de 14 marques de chacun de ces produits très consommés. Comme l'explique Sylvie Metzelard, la rédactrice en chef, sur Europe 1, cette étude fait émerger trois catégories : "à privilégier", "avec modération" et "à éviter". De quoi guider les clients dans leurs choix.
Le critère de durabilité comme nouvel élément d'analyse
Pour la première fois, le magazine a donc décidé de tenir compte de la durabilité des poissons. "Pêchez les bons poissons : les meilleurs choix dans le respect des espèces", titre-t-il ce jeudi. Si cette note environnementale n'est pas amalgamée avec les notes classiques de l'étude de 60 millions de consommateurs qui analysent la composition des aliments, notamment en métaux lourds ou en sel, elle propose de nouveaux éléments de réflexion.
Le partenariat avec WWF a ainsi permis de clarifier plusieurs informations, détaille Sylvie Metzelard : "Est-ce que les poissons sont pêchés au bon endroit ? Est ce qu'on a bien les indications sur les emballages ? Et est-ce fait dans de bonnes conditions ?" Des informations qui, souvent, ne figurent pas sur les boîtes des 56 aliments étudiés car la règlementation n'y oblige pas les entreprises. Ce qui signifie qu'on ne sait pas toujours où et comment le poisson a été pêché.
Les colins panés pêchés avec des chaluts de fond
Pour les colins panés, la zone de pêche est plus facile à déterminer grâce à une "omniprésence du label MSC. Un label supposé être accordé aux poissons qui ont été pêchés durablement et sur une espèce précise, en l'occurrence le colin d'Alaska", explique la rédactrice en chef de 60 millions de consommateurs.
Dans ce cas précis, cela garantit qu'il n'y a pas de problèmes de surpêche mais le problème vient d'ailleurs. Car la méthode de pêche n'est pas précisée et le label MSC n'interdit pas le recours à des "chaluts pélagiques ou chaluts de fond, qui embarquent d'autres espèces que celles qui sont ciblées", détaille Sylvie Metzelard. C'est ce qui justifie un classement "avec modération". Toutefois un label reste mieux que pas de label, estime-t-elle, puisqu'il répond, au moins, à un cahier des charges.
Des cabillauds dont il est impossible de déterminer la durabilité
Les brandades de morue, elles, sont toutes classées à éviter. Selon Sylvie Metzelard, c'est parce que sur ces produits, "c'est un peu la grande foire au n'importe quoi". Comme elle l'explique, sur l'ensemble des brandades de morue étudiées, seules trois portent une indication de provenance : Atlantique Nord-Est.
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Or, selon la journaliste, cette "zone est tellement large qu'il est impossible d'évaluer si cela correspond à des stocks durables ou pas". Elle précise par ailleurs que certains produits ne contenaient pas 100 % de cabillaud, contrairement à ce qui devrait être. Souvent donc, les informations sont parcellaires.
Des thons à la qualité variable
Concernant le thon en boîte, les informations sont plus nombreuses. Cela permet de mieux déterminer quelle marque privilégier. Le magazine conseille ainsi de s'orienter vers des produits venant de l'Atlantique Nord-Est, "qui abrite un stock de thons en bon état", rappelle Sylvie Metzelard. A fortiori parce que, dans cette sélection, certains sont pêchés à la ligne, ce qui est plus durable que des filets. À l'inverse le thon albacore est à éviter car il provient de zones de surpêche.
Le prix n'est pas un indicateur déterminant. Comme le détaille la rédactrice en chef de 60 millions de consommateurs, "sur les thons, celui qui arrive en tête, c'est une marque de distributeur et il y a une marque très connue qui se retrouve très mal classée car on n'a aucune indication sur rien." Un parti-pris assumé pour "alerter le consommateur" sur ce qu'il met dans son assiette.