Les passages à niveau sont-ils suffisamment sécurisés ? C'est la question qui se pose vendredi, après la mort de cinq enfants dans la collision de leur car scolaire avec un train, jeudi à Millas, dans les Pyrénées-Orientales. L'accident, dont les circonstances restent encore à définir, s'est produit à un passage à niveau, situé à Millas, sur l'axe Perpignan-Villefranche de Conflent. Il s'agit d'un passage à niveau "classique" doté d'une signalisation automatique et de deux barrières, a précisé la SNCF selon laquelle le croisement à niveau "n'était pas considéré comme particulièrement dangereux". Trois enquêtes ont été déclenchées. Elles devront déterminer, notamment, si les barrières étaient levées ou non au moment du passage du car.
- Les collisions sont-elles fréquentes ?
Ce n'est pas la première fois que les passages à niveau et leur gestion sont pointés du doigt. Car ces croisement spécifiques - il en existe environ 15.000 en France - posent régulièrement problème. En 2017, selon la SNCF, 79 collisions ont été comptabilisées, c'est moins que les 126 de 2016. Ces accidents sont souvent mortels : 33 personnes sont mortes en 2017, 31 en 2016.
En 2008, une collision avait aussi particulièrement marqué les esprits. À Allinges, en Haute-Savoie, un accident impliquant un train et un car scolaire avait fait sept morts, des collégiens. Le chauffeur du car avait été condamné en 2013 pour avoir arrêté son véhicule sur la voix ferrée, mais aussi la SNCF et RFF (Réseau ferré de France) pour ne pas avoir détecté la particulière dangerosité de ce passage à niveau.
- Que fait la SNCF ?
Pour éviter que l'accident ne se reproduise, l'entreprise ferroviaire a lancé depuis ce drame plusieurs plans de sécurisation des passages à niveau. L'objectif : identifier les passages à niveau les plus dangereux dits prioritaires (au nombre de 160 en France en 2017, contre 450 en 1997), supprimer des passages à niveau en mettant la route en impasse, en déviant la route ou en créant un franchissement sous ou par dessus les voies, améliorer la signalisation, mieux sensibiliser et informer le public. "47 suppressions ont été effectuées en 2015, 57 en 2014 et 40 en 2013", précise la SNCF dans un communiqué, ajoutant investir 40 millions d'euros chaque année à cet effet. Des radars - 42 de vitesse et 80 de franchissement - ont également été installés pour contrôler le comportement des routiers.
Enfin, l'entreprise ferroviaire a expérimenté plusieurs dispositifs pour permettre une meilleure sécurisation. Des détecteurs d'obstacle qui déclenchent une alerte luminause le long des voies à l'attention du conducteur, des stickers "barrières cassables" ou encore le remplacement des lampes des feux de signalisation par des lampes à diodes censées être plus visibles que celles actuellement en place.
- Est-ce suffisant ?
Pour autant, ces mesures ne sont pas suffisantes, selon Gilles Fouriscot, avocat spécialiste de la sécurité routière, invité vendredi sur Europe 1. "Certains passages à niveau sont supprimés, d'autres réhabilités", déplore-t-il, ajoutant que les dispositifs préventifs ne sont pas assez nombreux : "Seulement 80 radars sont présents sur les 15.000 passages à niveau". "Les accidents sont réguliers, une centaine chaque année en moyenne depuis dix ans", rappelle Gilles Fouriscot qui demande également à ce que le public soit mieux informé des dangers au niveau des voies ferrées. "Il faut rappeler qu'un train ne s'arrête pas comme une voiture", complète-t-il.
Reste que le risque zéro n'existe pas. Il peut être technique ou humain. "La profession du transport public est en alerte permanente", rappelle vendredi Mathieu Flonneau, spécialiste des transports, sur Europe 1. "L’idée qu’il y ait des accidents est une évidence. Mais la norme est une augmentation de la sécurité de ces transports. Il y aura toujours un risque".