Il n'est pas forcément évoqué au début d'une histoire d'amour mais peut devenir une source de conflit, voire faire exploser une relation : l'argent est une question souvent tabou dans le couple. Venues aborder ce thème de manière pragmatique, jeudi, sur Europe 1, la conseillère en gestion de patrimoine Héloïse Bolle et l'avocate Martine Valot-Forest ont donné plusieurs conseils pour bien s'en sortir avec le temps… et en cas de séparation éventuelle.
Bien comprendre son régime matrimonial
Plusieurs choix s'offrent au couple au moment de s'unir : le mariage, le Pacs ou l'union libre. S'il choisit le mariage, il peut se décider entre le contrat de mariage, le régime de la communauté universelle (tous les biens, acquis avant ou après le mariage, sont mis en commun, de manière schématique) et la communauté universelle réduite aux acquêts, qui est la norme lorsqu'il n'y a pas de contrat de mariage.
"Des couples qui se sont mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts l'ont souvent fait sans connaître les implications de ce régime matrimonial : ils fonctionnent comme dans une séparation de biens, sans compte joint, où chacun rembourse l'autre", explique Héloïse Bolle, conseillère en gestion de patrimoine chez Oseille & Compagnie et auteure de Les bons compte font les bons amants (éditions du Cherche-Midi), dans Le Tour de la question.
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"En réalité, tout ça ne sert à rien, parce que ce régime suppose que tout ce qui a été gagné pendant la durée du mariage est commun", poursuit-elle. "Beaucoup tombent de leur chaise le jour où ils le découvrent." Environ 80% des couples sont concernés par ce régime.
Il peut être intéressant d'en changer
Il est tout d'abord possible de "changer de régime matrimonial en s'adressant à un notaire", confirme Martine Valot-Forest, avocate au barreau de Paris et auteure de Le divorce pour les nuls (éditions First). "Ça peut avoir un intérêt si on change de profession et si on s'engage, pour protéger l'autre, donc on choisit un régime de séparation. Chacun va recouvrer une partie du patrimoine qui pourrait être engloutie par des mauvais choix professionnels."
"Cela a un coût, quand on passe de la communauté à la séparation de biens, car il faut liquider la communauté comme si on divorçait", tempère Héloïse Bolle. "Il y a un impôt et des frais. Ça peut coûter entre 2% et 6% du montant partagé."
Le Pacs protège moins bien que le mariage au moment de la séparation
En cas de séparation, le Pacs sera moins protecteur pour les deux personnes. "Dans ce schéma un peu classique où l'homme travaille et la femme ne travaille pas mais fait tourner toute la maison, la contribution de la femme est à la hauteur de ses moyens", précise Héloïse Bolle. "Si jamais il y a séparation, la femme sera largement indemnisée. Si le couple a opté pour la communauté réduite aux acquêts, l'équilibre est rendu par le Code civil. C'est beaucoup moins le cas dans les unions qui se passent avec un Pacs et ça n'est absolument pas le cas dans les unions qui se passent avec une union libre."
Le Pacs est également handicapant en cas de décès du conjoint : "Dans la situation du Pacs, le survivant n'a absolument pas le droit à la pension de réversion, même s'il a eu des enfants en commun avec le défunt. On voit bien que le mariage est bien plus protecteur que le Pacs, sur cet aspect-là en tout cas", indique Martine Valot-Forest. "Dans le Pacs, le testament peut être révoqué à tout moment par celui qui l'a consenti sans que l'autre ne le sache", ajoute-t-elle.