C'est un procès hors norme qui s'ouvrira mercredi à la cour d'assises spécialement composée de Paris. Salah Abdeslam, le seul membre encore vivant du commando responsable des attentats du 13 novembre 2015, et 19 autres hommes soupçonnés d'être impliqués dans la préparation de cet attentat jihadiste qui a fait 130 morts et 350 blessés, vont être jugés pendant neuf mois. Une audience attendue, qui a nécessité deux ans de préparation.
1.800 parties civiles
Si celle-ci doit durer a priori au moins jusqu'à mai 2022, c'est parce qu'il y a plus de 1.800 parties civiles constituées, dont 300 prévoient de témoigner à la barre. Rien que cela pourrait prendre un peu plus d'un mois. Mais Jean-Michel Hayat, premier président de la cour d'appel de Paris, salue aujourd'hui "le dialogue" qui s'est instauré "avec des associations d'aide aux victimes". "Tout le monde a été, si je puis dire, autour de la table et j'ai l'impression que tout le monde a compris l'enjeu majeur" que représentait le procès, explique-t-il à Europe 1.
Au total, la préparation du procès aura pris deux ans et nécessité, notamment, la construction d'une salle spéciale de 550 places dans l'ancien palais de justice à Paris. En outre, le procès sera retransmis dans une quinzaine de salles. Un dispositif totalement inédit en France.
"L'image d'une justice à la hauteur de l'enjeu"
Ce sera également la deuxième fois qu'un procès pour terrorisme sera filmé pour les archives. Et grande nouveauté : il sera retransmis, via une webradio, pour les parties civiles qui ne peuvent être présentes. "Le procès du 13-Novembre est un enjeu majeur pour la justice française, après des faits qui sont dans la mémoire de tout le monde. Chacun sait où il était le 13 novembre 2015, aux environs de 21h30-21h45", souligne Jean-Michel Hayat. "Alors qu'on a l'impression que la justice est empêtrée dans des règles de procédure, de lenteur, d'incapacité à traiter les choses en temps et en heure, alors que le défi est colossal, j'espère qu'on pourra donner l'image d'une justice à la hauteur de l'enjeu."
Durant ces neuf mois, 20 personnes seront jugées par cette cour spécialement composée de cinq magistrats professionnels. D'abord, bien sûr, Salah Abdeslam, le seul membre vivant du commando. Ensuite, 13 autres hommes, présents à l'audience, soupçonnés d'être impliqués dans la préparation des attentats. Enfin, six autres accusés seront jugés en leur absence car ils sont présumés morts en zone irako-syrienne, ou en fuite. Douze d'entre eux encourent la réclusion criminelle à perpétuité.