Condamnée vendredi soir à huit ans de prison pour avoir conseillé depuis la Syrie des candidates au djihad, Maeva S., une Française de 24 ans, va faire appel, a appris lundi l'AFP de son avocat.
Une "sévérité excessive" selon son avocat. Jugée pour association de malfaiteurs à visée terroriste, la jeune femme a été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris à la peine de huit ans d'emprisonnement assortis d'une période de sûreté des deux tiers, alors que le procureur en avait requis six. Une peine d'une "sévérité excessive, qui répond plus à un désir de vengeance qu'un besoin de rendre justice", a estimé son avocat, Me Bruno Vinay.
Des conseils via les réseaux sociaux. Le tribunal a estimé que Maeva S. est restée de façon "parfaitement consciente" en Syrie de mai 2014 à juillet 2015 et qu'elle a "pris part" à l'organisation État islamique à sa manière. "Votre combat passait par les réseaux sociaux, par le fait de donner des conseils", avait expliqué la présidente. Cette jeune convertie à l'enfance difficile, originaire du Sud de la France, a reconnu avoir "conseillé" depuis la Syrie de nombreuses jeunes femmes candidates au djihad, en leur expliquant par exemple l'itinéraire à suivre, la tenue à porter ou en leur communiquant les coordonnées d'un passeur.
Conseillère, pas "recruteuse". Maeva S. s'est en revanche défendue d'avoir joué le rôle de "recruteuse d'épouses", que lui impute le parquet, et a nié farouchement des accusations plus graves encore : avoir incité, via les réseaux sociaux, des mineures à commettre un attentat en France, à défaut de pouvoir partir en Syrie.
Inquiétude sur son "évolution". Souffrante, et selon ses dires, éloignée de son époux, elle avait quitté la Syrie en juillet 2015 via la Turquie. Le tribunal avait aussi exprimé son inquiétude s'agissant de son "évolution", en raison d'un projet de mariage, en prison, avec un homme condamné à huit ans d'emprisonnement pour sa participation à la filière djihadiste de Strasbourg, Radouane Taher. Maeva S. avait été réincarcérée en janvier alors qu'elle s'apprêtait à l'épouser civilement.