Depuis le mois de décembre, plus de 500 dauphins se sont échoués sur les côtes atlantiques. Il ne s’agit pas un problème de météo, de maladie ou d'orientation, car ces dauphins portaient presque tous des traces indiquant une capture par des engins de pêche. Les mammifères sont souvent attirés par les poissons capturés dans les filets des pêcheurs, avant de se retrouver eux-mêmes prisonniers.
"Les dauphins sont privés de la remontée à la surface et paniquent, avant de s'asphyxier. Ils sont remontés morts à bord des bateaux. Les pêcheurs, souvent, les jettent par-dessus bord. Avec les conditions météo, les carcasses dérivent et viennent s'échouer sur les côtes", explique auprès d’Europe 1 Hélène Pelletier, biologiste à l'Observatoire Pélagie à La Rochelle, qui dépend du CNRS.
"Ce qui est certain, c'est que la part des animaux qui s’échouent ne représente qu’une faible proportion des animaux qui meurent en mer", poursuit cette spécialiste. "Depuis plusieurs années, on est autour d'un millier de dauphins qui s’échouent entre janvier et avril, ce qui correspond à cinq mille mammifères morts en mer chaque hiver."
4.500 kilomètres de filets déployés chaque jour
Les chiffres sont assez terribles et ces échouages sont signalés depuis trente ans. Mais depuis quatre ans, ils atteignent des records, notamment dans le golfe de Gascogne. Dans cette zone, les dauphins chassent quotidiennement au milieu de centaines de bateaux de pêche. On peut estimer à 4.500 kilomètres la taille des filets présents dans ces eaux chaque jour, rien qu'en additionnant les bateaux français. En juillet dernier, la Commission européenne a d'ailleurs sommé la France de trouver des solutions.
Alors la ministre de la Mer, Annick Girardin, a annoncé des mesures techniques concernant les chalutiers de pêche. Ils doivent désormais être équipés d'alarmes acoustiques, des sortes de répulsifs sonores pour éloigner les cétacés. Mais c'est insuffisant pour les associations, car la mesure ne concerne que les chalutiers, pas les bateaux. De son côté, le Comité National des pêches se défend de fermer les yeux sur le problème, et insiste sur la mise en place de recherches techniques pour améliorer les pingers, et mieux connaitre les zones à risques pour les dauphins. Un programme de 6 millions d’euros a été mis en place pour la période 2019-2022.
Pour stopper cette hécatombe, les scientifiques européens, eux, ont préconisé au printemps dernier la fermeture de certaines zones de pêche. C’est aussi ce que réclament plusieurs associations. France Nature Environnement a d'ailleurs formé début février un recours auprès du Conseil d'Etat. L'association estime qu’en l'absence de mesures d'urgence, certaines espèces de dauphins pourraient disparaitre puisque ces animaux, censés être protégés par la loi, se reproduisent lentement.