L'émission de France 2 Envoyé Spécial revient ce jeudi sur Monsanto avec de nouvelles révélations sur les pratiques de lobbying de l'entreprise, avec, selon la chaîne, des documents montrant que des agriculteurs européens ont bien été recrutés, et ce à leur insu, afin d'aider à défendre le glyphosate.
Une enquête de Greenpeace et du média britannique The Independent, publiée en France par la radio RMC, avait dévoilé en octobre 2018 que des associations européennes (dont "Agriculture et liberté" en France), prétendument créées par des agriculteurs désireux de défendre l'usage du glyphosate, étaient en fait l'émanation d'une société de lobbying basée en Irlande, Red Flag Consulting, qui travaillait pour le compte de Monsanto.
"Nous avons mis la main sur des documents secrets de la société"
"Nous avons mis la main sur des documents secrets de la société qui avait mis au point cette stratégie européenne, appliquée en France et dans plusieurs autres pays, pour le compte de Monsanto", affirme Elise Lucet, présentatrice d'"Envoyé Spécial". Ces documents confidentiels détaillent les méthodes employées pour faire adhérer à ces associations des agriculteurs, en leur cachant qui était derrière cette structure : les membres "ont été recrutés par des hôtesses lors du Salon de l'agriculture ou des foires agricoles, sans jamais avouer que ce sont des agences qui travaillent pour Monsanto qui sont derrière", précise la journaliste.
Grâce à ces documents, "nous avons pu démontrer qu'il s'agissait d'une stratégie d''astroturfing', c'est-à-dire la création de toutes pièces d'un mouvement en apparence spontané", a ajouté Laura Aguirre de Carcer, une des journalistes de l'émission qui a enquêté sur ces pratiques.
Des journalistes fichés par Monsanto
La semaine dernière, France 2 et Le Monde avaient révélé que des centaines de personnalités (politiques, scientifiques, journalistes) ont été fichées par le cabinet de lobbying Fleishman Hillard pour le compte de Monsanto, notamment en fonction de leurs positions sur les pesticides et les OGM et de leur propension à être influencées.
Vendredi, au lendemain de ces révélations, la justice française a ouvert une enquête sur des soupçons de fichage illégal. Plusieurs médias et organisations, dont l'AFP, ont porté plainte auprès de la CNIL (l'agence de protection des données) et/ou de la justice. Après avoir présenté dimanche ses excuses, le groupe allemand Bayer, qui a racheté en 2018 Monsanto, a indiqué lundi que ce type de fichiers existait "très probablement" dans d'autres pays européens que la France.