Aux côtés des victimes des attentats du 13-Novembre, les enquêteurs sont également appelés à témoigner à l'occasion du procès historique, qui s'est ouvert mercredi 8 septembre. Un moment tout aussi douloureux pour ces professionnels qui gardent cette nuit du 13 novembre 2015 en mémoire. Parmi ceux qui ont mené cette enquête hors normes, Europe 1 a rencontré le chef adjoint de la brigade criminelle au moment des faits, qui a tenu à rester anonyme. Il raconte comment les enquêteurs ont pisté les terroristes et les difficultés qu'ils ont rencontrées.
"Malgré l'ampleur des scènes, la difficulté est d'être très exhaustif", rapporte le brigadier. "On aborde chacune de ces scènes d'attentat comme on aborderait l'homicide d'une vieille dame dans un petit appartement. On le fait avec autant de soin. Les enjeux sont énormes", souligne-t-il au micro d'Europe 1.
"Des enquêteurs spécialisés dans tous les domaines"
Ce chef adjoint de la brigade criminelle à l'époque des faits détaille ensuite l'organisation d'une enquête hors normes, aux innombrables ramifications. "On a des gens qui sont spécialisés dans des domaines, et cette enquête repose sur la valorisation de leurs compétences. On crée des ateliers, il n'y a plus d'histoire de groupes, de sections", précise-t-il, en assurant que les équipes sont composées des "meilleurs téléphonistes, de ceux qui ont le plus de compétences pour travailler sur la vidéosurveillance".
Puis le chef adjoint de la brigade criminelle évoque son rôle. "Notre travail, c'est de mettre en lien tous ces différents ateliers. On faisait un point plusieurs fois par jour, une fois le matin, une autre l'après-midi. On leur disait 'là on a une avancée, il faut travailler dessus'", indique-t-il.
Une aventure professionnelle et humaine
Au-delà des enjeux et de la pression de l'enquête, le chef adjoint de la brigade criminelle se souvient d'une expérience profondément humaine, alors que lui et ses équipes tentaient de retrouver les terroristes. "Ce sont des moments que l'on n'oublie pas", raconte-t-il. "On ne rentre pas beaucoup chez soi. Quand c'était possible, j'ai le souvenir de deux nuits passées à ressasser des numéros de téléphone et me dire 'tiens, un tel était peut-être en lien avec un tel'. Ça ne nous quitte pas réellement, on est quand même habité par ça", appuie le chef adjoint de la brigade criminelle.
Celui-ci se souligne la proximité née entre les collègues. "On a toujours des idées le matin. Quand on revient au service le matin, on est impatient de les partager. Des liens se tissent. On a vraiment l'impression d'avoir partagé quelque chose. Il faut répondre présent, et j'espère qu'on l'a fait", confie ce chef adjoint de la brigade criminelle.