Ce jeudi est la Journée mondiale des abeilles. Et il y a urgence. En 20 ans, la production de miel a baissé de près de moitié. Le taux de mortalité des abeilles productrices de miel atteint 30%, alors qu'il était 5% dans les années 1990. Et encore, 30% est une moyenne nationale, explique sur Europe 1 Paul Fert, ancien directeur de l'EHEA, l'Ecole des Hautes Études en Apiculture, et apiculteur dans le Béarn. "À l'échelle d'une exploitation, on peut monter à 70-80%, voire plus certaines années, ce qui est anormal et inquiétant", précise-t-il.
Les raisons de cette surmortalité : les pesticides, le changement climatique, la modification du paysage et l'urbanisation, avec des abeilles qui vont trouver moins d'alimentation dans la nature, et enfin les maladies.
Pour remédier à ce phénomène, plusieurs petites entreprises proposent de venir en aide aux abeilles en installant dans son jardin ou sur son balcon des nichoirs. Ce sont de toutes petites maisons en bois, de quelques centimètres, avec à l'intérieur des tubes de bambou pour que les abeilles viennent pondre leurs œufs en sécurité. Ces nichoirs sont vendus avec des cocons d'abeilles en hibernation, qui se reproduisent d'année en année.
"On peut les approcher de très près"
Sévelyne, qui vit dans une maison avec jardin dans l'Oise, en a installé deux sous sa pergola, fabriquées par l'entreprise Beehome. Le nichoir possède un fond transparent pour pouvoir observer la vie des abeilles. "J'ai un fils de 22 mois qui adore aussi regarder les abeilles", raconte-t-elle. "On peut les approcher de très près, et même mettre la main. Elles ne sont pas du tout agressives. Ce qui est chouette, c'est qu'on les voit éclore. J'ai vu des abeilles sortir du nichoir avec le cocon encore accroché sur elles. Elles avaient quelques secondes de vie", ajoute la jeune femme.
Les abeilles sauvages ne piquent pas et elles améliorent les récoltes de fruits et de légumes. Leur offrir un abri permet vraiment d'aider les populations d'abeilles. "Ça aide effectivement à reconstruire les colonies", explique Clara Amy, directrice du Réseau biodiversité pour les abeilles. "Par contre, il ne faut pas oublier la nourriture, le pollen et le nectar, qui sont essentiels pour la survie des colonies", ajoute-t-elle. Pour cela, il faut "laisser des endroits un peu en friche dans son jardin pour favoriser l'arrivée de l'espèce florale sauvage", précise Clara Amy.
Autre option : planter des fleurs que les abeilles apprécient en complément. Par exemple : des coquelicots, des bleuets ou des jacinthes à grappe. "On peut redonner un bol alimentaire plus important aux insectes pollinisateurs en plantant et en semant des arbres ou des plantes mellifères, qui vont produire soit du pollen, soit du nectar, soit les deux, comme la lavande, le romarin, le tilleul, le marronnier", détaille Paul Fert.