La mère d'un jeune djihadiste présumé mort en Syrie en août 2016, Belabbas Bounaga, a été condamnée jeudi à deux ans de prison pour "financement du terrorisme", dans un procès qui pourrait faire jurisprudence. Nathalie Haddadi, 42 ans, attachée commerciale dans une entreprise d'Alsace, est accusée d'avoir envoyé en 2016 2.000 euros à son fils de 21 ans, alors en Syrie où il a rejoint les rangs du groupe État islamique. La mère de famille nie farouchement avoir été au courant des activités de son fils au moment du versement des sommes.
Son fils blessé en Malaisie. "Il est parti en vacances en Malaisie, et il a eu un accident. Il s'est fait agresser, il s'est retrouvé à l'hôpital avec des points de suture. Quand votre gamin, à des milliers de kilomètres de vous, vous appelle pour vous dire qu'il est hospitalisé, qu'il a pris des coups de couteau et qu'on lui a volé son argent, vous faites quoi ? Je l'ai aidé, je lui ai envoyé de l'argent pour pouvoir manger, pour pouvoir revenir en France", confiait à Europe 1 Nathalie Haddadi, avant le procès, début septembre.
"On est aussi des victimes". De la Malaisie, son fils a alors rejoint la Syrie. Nathalie Haddadi, qui assure n'avoir jamais envoyé de l'argent en Syrie, recevait de temps à autre des nouvelles succinctes de son fils, avant qu'on lui apprenne sa mort. "Bien sûr que je ne cautionne pas, mais je fais quoi ? J'arrête de l'aimer ? Il faut comprendre que l'on est aussi des victimes. On n'a pas choisi, on a subi", estimait-elle encore à Europe 1. Le tribunal a assorti jeudi sa décision de la possibilité d'aménager la peine prononcée à l'encontre de Nathalie Bounaga.
10 ans de prison pour le djihadiste. Son fils cadet, Tarik, et le meilleur ami de son aîné, Souliman Hamouten, jugés aussi pour avoir envoyé de l'argent à Belabbas Bounaga, ont pour leur part été respectivement condamnés à un an de prison avec sursis et à trois ans de prison avec mandat de dépôt. Le tribunal a par ailleurs condamné par défaut Bellagas Bounaga à dix ans de prison, assorti d'un mandat d'arrêt. Le ministère public estime qu'il y a un doute sur sa mort ou que ses papiers peuvent être utilisés par un autre djihadiste et la présidente du tribunal a décidé de joindre les deux dossiers.