Didi, responsable de la sécurité du Bataclan le 13 novembre 2015 : "Il ne faut pas oublier, mais il faut avancer"

© STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
  • Copié
Rémi Duchemin , modifié à
Responsable de la sécurité du Bataclan le 13 novembre 2015, Didi a sauvé des dizaines, peut-être des centaines, de vies, le soir des attentats. Quatre ans après, il se souvient de cette funeste soirée et raconte comment il a pu avancer, malgré le traumatisme.
INTERVIEW

Le 13 novembre 2015, Didi est à son poste de responsable de la sécurité du Bataclan. Il est à l’extérieur de la salle quand il voit arriver les terroristes lourdement armés qui feront 90 morts dans la salle de spectacle. Après avoir essuyé une première rafale, il décide non pas de s’enfuir, comme beaucoup l’auraient fait, mais d’aller aider les spectateurs. Ce soir-là, il a probablement sauvé des dizaines, voire des centaines de vie. Et pour beaucoup de survivants, il est devenu un héros, une figure rassurante. Quatre ans plus tard, jour pour jour, il raconte cette terrible soirée, et ses suites, pour Europe 1.

Si Didi a décidé de rentrer dans la salle malgré les risques, c’est que lui connaissait les lieux par cœur. "Je me suis retrouvé aussi bloqué avec les otages dans la fosse. Mais je la connaissais par cœur cette salle, je pouvais me diriger les yeux fermés dans cette salle. Ça m’a beaucoup aidé aussi", raconte-t-il. Didi ouvre plusieurs portes de secours, malgré les rafales. "Il faut une grande part de chance. Je n’ai pas été touché, ça a été un miracle vu mon exposition. Ça a pu aider, c’est le principal", souligne celui dont la femme était enceinte, et qui est devenu père depuis ce soir-là.

"D’autres m’ont dit clairement : ‘si tu n’es pas là, je ne reviens pas’"

Didi est de ceux qui pensent qu’il fallait bel et bien rouvrir le Bataclan. Et qu’il fallait que lui, personnellement, reste aussi. "C’est une façon aussi d’avancer pour certaines personnes que j’ai pu sauver, de revenir sur les lieux quand je suis présent parce que ça les rassure", explique-t-il. "Après, c’est selon chaque personnalité. Chacun a vécu le choc, après ces attentats, de sa propre façon. Il y en a qui ne veulent plus venir, même passer devant le Bataclan. Y en a qui ont mis un an à venir, deux ans. D’autres m’ont dit clairement ‘si tu n’es pas là, je ne reviens pas’. Chacun a son ressenti là-dessus."

Didi est resté au Bataclan donc, une manière pour lui de dire que les terroristes n’ont pas gagné. "Je ne voulais pas m’arrêter là-dessus. Je ne voulais pas que ces événements-là me fassent arrêter. C’est comme si c’était un aveu d’échec", insiste-t-il. "C’est clair que c’est pas évident tous les jours. Je suis partisan de dire ‘Faut pas oublier, mais il faut avancer. Je ne pouvais pas m’arrêter là-dessus après les attentats. Et je sais que ça a motivé beaucoup de personnes que j’ai pu aider de revenir dans cette salle, de reprendre le cours de la vie et de ne pas se laisser abattre par tous ces sentiments qui peuvent revenir, ces images qui peuvent revenir dans la tête. Donc ça m’a aussi motivé de me dire qu’il fallait que je sois là pour la réouverture."