Les marchés français sont-ils mis en danger par la pénurie d'essence ? Alors que la grève dans les raffineries et dans les dépôts dure depuis trois semaines, les commerçants ont de plus en plus de mal à faire le plein, notamment dans les Hauts-de-France et en Île-de-France. Alors, dans le camion de Christophe, régulièrement présent sur les marchés de la capitale, on surveille la jauge à carburant.
Sans gazole, "on restera chez nous"
"On va jusqu'à samedi et dimanche, c'est terminé, je n'aurai plus de gazole", explique-t-il au micro d'Europe 1, alors que l'aiguille de son camion souligne qu'il ne reste qu'un quart dans le réservoir. Après, c'est la panne sèche pour le maraîcher. Sous sa casquette, le regard désabusé, il explique faire une soixantaine de kilomètres les jours de marché pour trouver de l'essence. Tout se joue bien souvent en pleine nuit, du moins quand les stations ne sont pas à sec.
"On fait le tour à 4 heures du matin, pour regarder s'il y a du gazole", sans succès. "Et puis, quand on aura plus d'essence, et bien, on restera chez nous. On ne pourra pas faire autrement, ou alors, il faudra qu'on sélectionne les marchés que l'on peut faire", pour économiser quelques litres ajoute-t-il. "Si ça continue comme ça, on ne tiendra pas longtemps", annonce-t-il.
Limiter son activité
Une baisse de son activité, c'est aussi ce que craint Aude. Elle est maraîchère et productrice dans les Yvelines. Sur son exploitation, ses cuves de gazole, essentielles pour ses tracteurs, sont complètement vides. La faute à un retard de livraison. "Si les réservoirs sont pas pleins, on va se retrouver à devoir limiter notre activité pendant deux jours ou trois jours", souligne Aude à Europe 1. Une limitation d'activité qui aura un impact conséquent : "Manque de marchandises sur les points de vente, retard dans les livraisons d'alimentation..."
Jamais la maraîchère n'avait connu une telle situation de pénurie. Sans solution à court terme, elle ne pourra bientôt plus assurer ses objectifs de production.