15 millions d’heures de cours perdues dans le second degré : c’est le triste décompte effectué par le ministère de l’Éducation nationale en 2020-2021, une année marquée par le Covid. Mais même après la pandémie, le non-remplacement des professeurs est une difficulté qui persiste. Emmanuel Macron avait promis, avant l’été, que les absences de professeurs de courte durée - de moins de deux semaines - seraient "systématiquement" remplacées à la rentrée, dans tous les collèges et lycées.
Pas assez d’enseignants remplaçants ?
D’après les textes de loi qui ont été publiés courant août, ces heures seront assurées par d'autres professeurs, qui n’enseignent pas nécessairement la même matière, mais qui se sont engagés à réaliser un certain nombre d’heures de remplacement pendant l’année, en échange d’une revalorisation salariale. Ils doivent, pour cela, signer un "pacte" à la rentrée.
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Cependant, il n’est pas certain qu’un nombre suffisant d’enseignants adhèrent à ce système. Des remplacements pourront donc être assurés par un surveillant. Les élèves suivront, durant cette heure, des "séquences pédagogiques numériques", autrement dit des explications de cours en ligne réalisées par le CNED.
"Cela reste une heure de permanence"
"Ce n'est pas un cours au sens traditionnel, avec un adulte qui répond aux questions des élèves", regrette Olivier Raluy, conseiller principal d’éducation (CPE) d’un collège de Clermont-Ferrand en charge des surveillants, également secrétaire national du syndicat Snes-FSU dans le domaine de la vie scolaire. "On a le sentiment d'avoir voulu faire du remplissage avec cette mesure. Car dans les faits, cela reste une heure de permanence comme ce qui est fait actuellement".
Des contraintes de salles et de matériel disponibles
Autre contrainte, avec ce dispositif : la disponibilité du matériel, souligne Olivier Raluy. "En général, dans les établissements, il n’y a pas un ordinateur par élève. C’est plutôt un ordinateur pour deux, voire trois élèves", explique-t-il. "Ce sont des salles qu'il faut réserver à l'avance et s'assurer que tous les postes sont en état de fonctionner", ajoute le CPE.
"Et puis, au-delà de la question des remplacements de courte durée, il n’y a plus de personnel pour remplacer les profs absents. C’est cet aspect-là qui est ignoré par la commande politique faite il y a quelques mois", déplore Olivier Raluy. Pour lui, afin de proposer de "vrais cours" assurés par de "vrais profs", la solution serait de recruter des enseignants remplaçants au sein des équipes mobiles qui se déplacent d'un collège à un autre.