Sept jours après une grève massive dans l'Education pour protester contre la gestion de la crise sanitaire à l'école, les enseignants ont peu suivi jeudi le nouvel appel de syndicats. Mais l'exaspération est toujours là, face à un ministre, Jean-Michel Blanquer, fragilisé. Après une mobilisation très suivie le 13 janvier, les syndicats ont eu plus de peine à convaincre les enseignants de se mettre à nouveau en grève. Selon des chiffres communiqués à la mi-journée par le ministère de l'Education, seulement 1,15% des enseignants du premier degré étaient grévistes et 2,18% des profs du second degré.
Des manifestations partout en France
Jeudi dernier, les taux de grévistes étaient beaucoup plus élevés, avec plus de 38% dans le premier degré et près de 24% dans le second, selon des chiffres du ministère de l'Education. Près de 78.000 personnes avaient défilé en France, dont 8.200 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. Des manifestations sont en outre prévues dans toute la France jeudi, dont une à Paris à 14 heures de Luxembourg à la rue de Grenelle, aux abords du ministère.
Le mouvement de la semaine dernière visait déjà à protester contre la valse des protocoles sanitaires dans les établissements scolaires. Il avait rassemblé tous les syndicats de l'éducation, dont plusieurs (FSU, CGT Educ'action, FO et SUD Education, ainsi que la FCPE, première organisation de parents d'élèves, et les mouvements lycéens FIDL, MNL et La Voix lycéenne) avaient appelé à "poursuivre la mobilisation", en s'engageant "dans une nouvelle journée d'action jeudi, y compris par la grève". Ils estiment que "le chaos engendré par la gestion de la crise sanitaire mérite des réponses fortes, au-delà des engagements pris" à la suite de la manifestation du 13 janvier.
"Maintenir la pression", dit le Snuipp-FSU
Pour Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, "le but n'était pas cette fois d'appeler les enseignants à faire grève car à une semaine d'intervalle c'est compliqué. L'idée aujourd'hui est de maintenir la pression avec des mobilisations locales, avant un nouvel appel à la grève le 27 janvier", dans le cadre de la journée de mobilisation interprofessionnelle pour les salaires et l'emploi, a-t-elle expliqué à l'AFP.
Même son de cloche pour le secrétaire général de la fédération du syndicat Force ouvrière pour l'enseignement(FNEC FP-FO), Clément Poullet: "On ne peut pas parler aujourd'hui de démobilisation des enseignants. Ils n'étaient pas appelés à faire grève mais à montrer leur mécontentement via des actions sur le terrain et décider des suites à donner à des annonces qui n'ont pas été suffisantes", dit-il.
Des annonces pas "suffisantes" pour les syndicats
Les syndicats avaient été reçus par le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui avaient promis "cinq millions de masques FFP2" pour les enseignants et plus de remplaçants pour les professeurs absents. Des annonces "pas suffisantes" pour les syndicats, qui ont appelé à "créer tous les postes nécessaires pour assurer les remplacements" et à "doter les écoles et établissements en matériel de protection en nombre suffisant, bien au-delà des volumes annoncés".
"Jean Castex et Jean-Michel Blanquer ne répondent pas aux revendications, et même s'ils ont été ébranlés par la manifestation, ils n'ont pas pris la mesure du chaos qui règne dans les écoles et qui se poursuit", a souligné auprès de l'AFP Christophe Lalande de FO. Après deux années de gestion "calamiteuse" de la crise sanitaire à l'école, selon de nombreux enseignants, l'exaspération est patente. Et le ministre Blanquer, déjà fragilisé, a eu du mal à convaincre cette semaine après la révélation par Mediapart de son séjour à Ibiza juste avant la rentrée de janvier, alors que se décidait le protocole sanitaire dans les écoles.