Les dégradations liées aux violences urbaines qui ont suivi la mort d'un adolescent tué le 27 juin par un policier vont coûter 650 millions aux assureurs, a estimé mardi leur fédération professionnelle, soit plus du double des 280 millions d'euros anticipés la semaine dernière.
Les neuf dixièmes "du coût de ces violences urbaines concernent les 3.900 biens des professionnels et des collectivités locales sinistrés", a précisé la présidente de France assureurs Florence Lustman, citée dans un communiqué. Le reste concerne essentiellement des dégâts subis par des particuliers pour leurs véhicules personnels.
11.300 déclarations de sinistres liées aux violences
La fédération décompte 11.300 déclarations de sinistres liées aux violences qui ont suivi la mort de Nahel, 17 ans, tué le 27 juin lors d'un contrôle routier à Nanterre.
Dans le détail, les sinistres sur les biens professionnels représentent 55% des 650 millions d'euros évoqués, et ceux sur les biens des collectivités locales 35%, précise France Assureurs.
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Dès le 1er juillet, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait demandé aux assureurs de prolonger les délais de déclaration, de réduire les franchises et d'indemniser rapidement les professionnels victimes des émeutes, envers qui les banques étaient également appelées à faire preuve de compréhension.
La fédération professionnelle avait invité trois jours plus tard ses membres à "réduire" les franchises pour les "petits commerçants indépendants les plus durement touchés" par les violences urbaines.
Elle a été entendue par certains mutualistes comme Covea (marques MMA, MAAF et GMF), Macif mais aussi les bancassureurs BPCE, Crédit Agricole ou Crédit Mutuel Alliance Fédérale (qui réunit 14 des 18 fédérations du groupe mutualiste ainsi que CIC), qui ont annoncé des mesures pour les victimes. Axa, Generali ou encore Société Générale avaient aussi emboîté le pas.
"La nature des sinistres est très différente de ce que notre pays avait connu en 2005"
"La nature des sinistres liés aux violences de ces derniers jours est donc très différente de ce que notre pays avait connu en 2005", complète Mme Lustman. À l'époque, les dégradations et incendies aux véhicules avaient représenté plus de 80% des sinistres pour un coût total de 204 millions d'euros. Reste à savoir si les assureurs réagiront de la même manière qu'à l'époque. L'année suivante, un bras de fer les avaient opposés au gouvernement sur la question de savoir si la responsabilité de l'État était engagée dans les violences urbaines.
En 2006, la mutuelle d'assurance des collectivités locales (SMACL), en première ligne cette année, avait par exemple engagé des "procédures contentieuses" contre l'État faute d'un accord amiable sur l'indemnisation des violences urbaines de novembre 2005.