Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti, et aussi Emmanuel Macron. Le chef de l'État a rejoint ses ministres de l'Intérieur et de la Justice de façon surprenante ce mardi matin à Marseille, pour faire le point sur l'opération "place nette XXL" qui lutte contre le trafic de drogue dans la cité phocéenne.
Crédits photo : Stéphane Burgatt/Europe 1
Dans le quartier de La Castellane, une agitation inhabituelle a remplacé le ballet quotidien des trafiquants. Le président a déambulé pendant quatre heures et a promis le retour à une vie normale. "Le but, c'est de détruire les réseaux et les trafiquants. Et que les quelques-uns qui vous rendent la vie impossible s'en aillent", a-t-il expliqué à des résidents, précisant que "la très grosse opération" de lundi allait "durer plusieurs semaines partout sur Marseille".
Emmanuel Macron à la rencontre des habitants.
Crédits photo : Stéphane Burgatt/Europe 1
"Avant, il n'y avait pas tant de vendeurs"
Même en présence des policiers, les langues se délient difficilement et les résidents peinent à croire les promesses d'Emmanuel Macron. "Ce qu'il se passe ici, c'est grave", admet une habitante de La Castellane. "Tous les jours, il y a des cris, la police… On ne peut même pas rentrer tranquillement. Moi, à 17 heures, il faut que je sois chez moi, sinon j'ai peur." Les mères de famille, à l'image d'Astrid, maman de deux garçons s'inquiètent aussi pour leurs enfants. "On est en train d'espérer qu'ils ne se dirigent pas vers la délinquance", assure-t-elle. "On a peur pour eux, comme pour nous. (…) Quand je marche dans la rue, je me dis 'Habille-toi autrement, ne fais pas ça', parce qu'on ne sait jamais", poursuit Astrid.
Beaucoup d'habitants sont également choqués par l'ampleur des points de deal sous leurs fenêtres. Jean-Daniel a vu ce business exploser en dix ans : "Avant, il n'y avait pas tant de vendeurs. (…) Il y a en au moins sept ou huit qui tournent." Cet habitant s'étonne encore du "nombre de billets de 50" euros que les dealers récoltent en une matinée. "C'est plus que moi qui suis à la retraite", insiste-t-il.
"Il faut tout casser et nous reloger ailleurs"
Outre l'effet de curiosité, les habitants sont venus nombreux au contact du président parce que dans cette cité en coupe réglée, la sécurité est un souci majeur. "C'est bien parce qu'ils sont venus pour mettre les choses à leur place. Il (Emmanuel Macron) peut faire les choses s'il veut !", affirme une Marseillaise au micro d'Europe 1.
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"Bienvenue Macron !", s'exclame un autre habitant. "Il faut tout casser et nous reloger ailleurs (...) Ce sont les jeunes qui dictent leur loi. Il faut tout casser, mettre des petits bâtiments de deux étages, pas plus", avance ce Marseillais.
De la résignation chez certains habitants
Si certains veulent laisser une chance à ce nouveau plan de sécurité, beaucoup n'y croient cependant pas. "Franchement, depuis le temps, vous trouvez que quelque chose a changé ? Non, donc je ne sais pas. Pour moi, ce sont encore des promesses en l'air", se résigne une résidente. "C'est que du bla-bla comme on dit chez nous, c'est du vent", enchaîne cet homme. "J'aimerais bien qu'il fasse ce qu'il dit, mais cela fait des lustres qu'ils ne le font pas. S'ils ne le font pas, c'est qu'il y a une raison, il y a des gens qui sont peut-être intouchables", se demande cet habitant.
Enfin, cette Marseillaise critique une visite qui ne s'inscrit pas dans la durée : "Il faut qu'ils changent le quartier, mais pour le changer, il faut être tous les jours là. Ils partent, ça revient au même. À chaque fois, c'est ça." Certains habitants de ce quartier confient à Europe 1 que "dans les faits", ils ont vu passer "beaucoup de ministres et de nouveaux plans de sécurité, mais sans résultat".
À peine les caméras éteintes et Emmanuel Macron reparti, les dealers ont tenté de reprendre leurs activités à La Castellane. Une descente de police a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi et a permis d'interpeller trois individus.