Il fallait être au rendez-vous de ces Jeux olympiques à la maison, d'abord sportivement parlant en dépassant le record de médailles décrochées à Tokyo, mais aussi sur la sécurité. Pour cet événement, policiers et gendarmes sont mobilisés, même l’armée prête main forte. Plus de 10.000 militaires de l’opération Sentinelle sont déployés, dont 4.500 au camp militaire Alain-Mimoun, dans le 12e arrondissement de Paris.
Mais pourquoi un camp militaire à la place de la Foire du Trône ?
La pelouse de Reuilly, dans le 12e arrondissement de Paris, coche plusieurs conditions indispensables pour l’établissement d’un camp éphémère. Contrairement aux opérations extérieures en Afrique ou en Asie, ce camp est situé sur le territoire national. Le confort des soldats est donc une priorité pour garder le moral des troupes au plus haut.
Pour cette occasion, des installations du Salon du Bourget ont été récupérées et réutilisées. Ce qui était avant un salon d’exposition est devenu dortoir. Par chalet, comme ils les appellent dans le camp, entre 16 et 20 militaires peuvent dormir, chacun a 5m² privatif. Un lit, une armoire, une chaise et surtout une multiprise pour recharger les ordinateurs et les téléphones.
Les militaires sont bien loin de l’ambiance camping. Au niveau sanitaire, tout a été pensé et étudié pour faciliter la vie des militaires. Cinq emplacements ont été décidés et réfléchis pour éviter de traverser tout le camp à pied, idem pour les douches. Et bien entendu, la non-mixité est en vigueur pour un respect de la vie privée des usagers.
Un restaurant a été construit pour nourrir la base opérationnelle. Plus de 2.100 couverts peuvent être servis simultanément dans cette immense salle, avec une plage horaire élargie pour subvenir aux militaires soumis à des impératifs horaires stricts.
Enfin, un dernier atout a convaincu l'État-Major d’installer le camp militaire à cet emplacement : le raccordement au tout-à-l'égout. Pour le général Eric Chasboeuf, adjoint au gouverneur militaire de Paris, l’aspect sanitaire est crucial. Aucune maladie ne doit circuler dans la base car avec des effectifs malades, l’impact sur les missions se ferait ressentir.
Mais en quoi est-ce une prouesse de construire ce camp ?
C’est surtout les délais qui impressionnent : il a fallu négocier avec la mairie de Paris, les forains, l’État et les militaires pour trouver un compromis. Si l’idée d’une telle base a germé il y a presque deux ans, la construction, elle, a commencé bien plus tard. Il a fallu 65 jours pour construire l’ensemble du site. Les lieux n’étant pas disponibles avant, il a fallu que les militaires s’adaptent.
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Construire un tel camp n’avait plus été envisagé et réalisé depuis la Seconde Guerre mondiale, les besoins ayant changé depuis. Le camp Alain-Mimoun surpasse même le camp de Gao au Mali, qui accueillait 2.000 soldats. Plus de 200 personnes ont participé à sa construction. Si le rythme était effréné le premier mois, la construction de la base s’est amplifiée et le personnel travaillait 24h/24 durant les derniers jours. Une prouesse qui démontre ici le savoir-faire de l’Armée française.
Qui est Alain Mimoun ?
Alain Mimoun nait en 1921 à Maïder, en Algérie française. Il rejoint l’Armée française à l’âge de 18 ans, d’abord au sein du 6e régime de tirailleurs algériens puis au 19e régiment du génie. Il est blessé en 1944 lors de la bataille de Monte Cassino, en Italie. Malgré cette blessure et sa convalescence, il reprendra du service et participera au Débarquement de Provence et à la libération de Marseille notamment.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Alain Mimoun est caporal. Il se reconvertit dans le sport et obtient de nombreuses reconnaissances : 32 fois champion de France sur 5.000 m, 10.000 m et au marathon. Il est aussi champion olympique sur 10.000 m en 1949 et remporte le marathon de Melbourne en 1956. Pour le gouverneur militaire de Paris, le général de corps d’armée Christophe Abad, "le caporal Alain Mimoun incarne à merveille la reconstruction par le sport de nos blessés de guerre. C’est aussi peut-être le plus grand champion français du 20e siècle."