Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a assuré lundi qu'il avait "fait tout ce qu'il pouvait" pour qu'avance l'enquête sur l'attentat survenu le 8 mai 2002 à Karachi, au Pakistan, et dont les victimes redoutent un "enterrement". "Je suis allé jusqu'au bout de ce que je pouvais faire dans le cadre de l'État de droit", a-t-il ajouté à des journalistes à l'issue d'une cérémonie à Cherbourg rendant hommage aux victimes de cet attentat qui avait fait cinq morts et douze blessés, il y a quinze ans.
La lenteur de la justice mise en cause. Sur les lieux de la cérémonie, à côté d'une stèle, où sont inscrits les noms de onze employés français (dont neuf Cherbourgeois) de l'ex-Direction de la construction navale (aujourd'hui DCNS) décédés dans l'attentat, un panneau dénonçait lundi la lenteur de l'enquête. "Karachi, 15 ans déjà… Toujours pas de procès, toujours pas de vérité ! Nous voulons un juge qui ait le temps de travailler le dossier pour qu'on n'enterre pas (les victimes) une seconde fois", pouvait-on y lire. "Je comprends parfaitement qu'il y ait de la colère et de la souffrance parce que les choses sont lentes. Je comprends parfaitement la pancarte qui a été apposée" mais "ce ne sont pas les ministres (…) qui nomment les juges d'instruction", a réagi Bernard Cazeneuve. Selon lui, "un certain nombre de mis en cause" ont "retardé l'avènement d'un procès et de la vérité" en multipliant les procédures.
#Cherbourg rend hommage aux victimes de l'attentat de #Karachi. Quinze ans plus tard, la vérité reste impossible. Ne les oublions jamais pic.twitter.com/zrPYHJgM4g
— Julien Munoz (@julian2lamancha) 8 mai 2017
Boycott de la cérémonie. Dans la matinée, une dizaine de personnes blessées de l'attentat ou proches de victimes ont déposé une gerbe de fleurs devant la stèle, selon la préfecture. D'après les organisateurs, elles ont décidé de boycotter la cérémonie avec le Premier ministre mais d'autres proches des victimes étaient toutefois aux côtés du chef du gouvernement. L'enquête, qui privilégiait au départ la piste Al-Qaïda avant de s'en éloigner en 2009, a conduit à révéler l'affaire de financement occulte présumé de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995. Mais selon Gilles Sanson, blessé dans l'attentat, "depuis le départ du juge Marc Trévidic, il y a dix-huit mois, plus personne ne connaît le dossier au pôle antiterroriste et les moyens manquent". "Avec ses promesses quand il était dans l'opposition, Bernard Cazeneuve s'est royalement moqué de nous", accuse Gilles Sanson, qui a boycotté la cérémonie officielle.
Des rescapés boycottent la commémoration des 15 ans des attentats de Karachi pour dénoncer l'enquête au point mort. https://t.co/8f0fdsFfLKpic.twitter.com/D2nzghnE22
— France 3 Normandie (@F3bnormandie) 8 mai 2017