Entre Maubeuge et Valenciennes, les livraisons d’échantillons médicaux et biologiques s’effectuent... par drone
L'hôpital de Maubeuge recourt depuis fin 2022 à un drone pour acheminer une partie de ses échantillons médicaux, qu'il ne peut pas analyser, au laboratoire de biologie de l’hôpital de Valenciennes. Ce projet termine sa phase d'expérimentation et le service sera mis en œuvre début 2025. Europe 1 s'est rendue à une démonstration.
C'est un projet innovant, nommé "AirShab" et lancé en fin d'année 2022 à Maubeuge dans le Nord, qui vise à révolutionner la logistique médicale en France. Il termine sa phase d’expérimentation et le service sera définitivement mis en œuvre dans les premiers mois de 2025.
Un transport plus rapide et plus fiable
Concrètement, il permet d’acheminer, grâce à un drone, une partie des échantillons médicaux de l’hôpital de Maubeuge qui ne peuvent être analysés que par le laboratoire de biologie de l’hôpital de Valenciennes, particulièrement en pointe. Le transport par drone étant bien plus rapide et même plus fiable que le transport par route.
Grâce à cette nouvelle technologie, proposée par l’entreprise Délivrone, les centres hospitaliers visent une réduction de 95% des émissions de CO2 par rapport aux véhicules thermiques traditionnels. Europe 1 a pu assister à une démonstration de ces drones.
Jusqu'à trois kilos de charge
Chargé de sacoches hermétiques d’échantillons médicaux, le drone s’élève dans le ciel et prend la direction du laboratoire de biologie de l’hôpital de Valenciennes, situé à une quarantaine de kilomètres. L’engin autonome peut transporter trois kilos de charge sur un couloir de vol programmé.
"Ce n’est pas un drone grand public", affirme Gauthier Dhaussy, patron de la société de transport par drone Délivrone. "C’est un drone qui fait 2,70 mètres d’envergure, qui vole entre 80 et 100 mètres du sol à la vitesse de 110 km/h, qui a fait l’objet de toutes les autorisations de l’aviation civile et dont les vols sont supervisés à distance par des opérateurs", note-t-il au micro d'Europe 1.
"On va gagner de précieuses minutes"
Ce drone expédiera les échantillons pour des analyses complexes que seul le laboratoire de l’hôpital de Valenciennes peut effectuer, explique Pierre Houssin, responsable du projet. "On va gagner de précieuses minutes, notamment dans le cadre d’urgences médicales, d’une méningite ou encore d’un paludisme", souligne-t-il.
"Aujourd'hui, on transporte les échantillons par route, demain on va transporter par drone et on va gagner l’équivalent de presque 20 minutes sur la distance, par rapport à la route, et 20 minutes dans le diagnostic d’un paludisme ou d’une méningite. Ça peut changer la prise en charge du patient", convient Pierre Houssin.
"Ce n'est pas un gadget (...) Il y a des vies qui seront sauvées derrière"
Cela peut même sauver des vies selon Rachid Dris, chef du service des urgences de Maubeuge. "C’est en effet un gain de temps énorme au bénéfice du patient pour mieux soigner, pour sauver des gens", avance-t-il. "Ce n’est pas un gadget ‘marketing’ pour dire ‘on fait des choses super’. Il y a des vies qui seront sauvées derrière, et plus tard, on pourra envisager de s’échanger par drone entre hôpitaux des médicaments, des poches de sang, voire du petit matériel chirurgical en cas de besoin", énumère le chef du service des urgences de Maubeuge.
Le drone est en outre capable de voler presque par tous les temps. "On peut affronter 90% des conditions météo dans la région", assure Gauthier Dhaussy le fondateur de l’entreprise Délivrone.