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Escroquerie à la fausse convocation judiciaire : vaste coup de filet en France

Europe 1 avec AFP / Crédit photo : Fiora Garenzi / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP . 3 min
19 personnes ont été interpellées en France et en Belgique.
19 personnes ont été interpellées en France et en Belgique. © Fiora Garenzi / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Lundi dernier, 19 personnes soupçonnées d'escroquerie à la fausse convocation judiciaire ont été interpellées en France et en Belgique. Le préjudice est estimé à au moins 3,5 millions d'euros. En juin 2022, la plateforme Pharos comptait 150.000 signalements ayant trait à cette escroquerie.

Policiers et gendarmes ont procédé lundi à un vaste coup de filet en interpellant en France et en Belgique un total de 19 personnes soupçonnées d'escroquerie à la fausse convocation judiciaire pour un préjudice évalué à au moins 3,5 millions d'euros. Dix-huit personnes ont été arrêtées en Ile-de-France, à Nantes, au Mans, Toulouse, Sens (Yonne), Orléans et Nice, la dernière en Belgique, ont indiqué la gendarmerie et la police dans un communiqué.

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De l'argent dépensé en France ou envoyé en Afrique

À l'issue de leur garde à vue, quinze d'entre elles ont été convoquées devant le tribunal correctionnel pour être jugées pour accès et maintien dans un système de données, escroquerie et blanchiment d'escroquerie en bande organisée, a indiqué le parquet de Paris, sans préciser la date de l'audience.

L'escroquerie à la fausse convocation judiciaire consiste à envoyer, au nom de responsables de la gendarmerie ou de la police, de magistrats ou d'institutions comme Europol, des courriels à des personnes indéterminées en les accusant notamment de pédopornographie via la consultation de sites internet illégaux. Les victimes sont menacées de poursuites judiciaires sauf si elles paient une "amende".

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Les enquêteurs ont établi que l'argent escroqué était dépensé en France, mais plus généralement envoyé en Côte d'Ivoire et dans d'autres pays africains. Début 2021, cette campagne d'hameçonnage (ou phishing) a inondé tout le territoire et conduit la section spécialisée dans la cybercriminalité du parquet de Paris à ouvrir une enquête.

Ces investigations ont été confiées aux policiers de l'Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC), aux gendarmes de la section des recherches (SR) de Versailles à ceux du ComCybergend et à la Brigade de recherches de Nice, avec l'appui de l'agence européenne de police judiciaire Europol.

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Préjudice d'au moins 3,5 millions d'euros

En juin 2022, la plateforme Pharos comptait 150.000 signalements ayant trait à cette escroquerie. Un an plus tard, son préjudice est évalué "a minima à 3,5 millions d'euros", a estimé auprès de l'AFP le commissaire Christophe Durand de l'OCLCTIC. Près de 400 personnes ont déposé plainte.

"Les sommes versées par les victimes vont de moins de 5.000 euros à 150.000 voire 200.000 euros", a expliqué à l'AFP le colonel Thomas Andreu de la SR de Versailles, en relevant que six personnes se sont donné la mort "potentiellement en lien avec cette escroquerie". "L'une des victimes a subi une double extorsion. Après un premier paiement à hauteur de 5.978 euros, les malfaiteurs lui ont demandé de payer à nouveau 7.480 euros. Se sentant impuissant et pris au piège, il s'est donné la mort", ont rapporté la police et la gendarmerie. Six enquêtes ont été ouvertes pour recherche des causes de la mort.

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"Nous pensions que l'escroquerie était pilotée par une structure centrale. En fait, il s'est avéré qu'il s'agissait de plusieurs petites équipes, une dizaine, n'ayant pas de lien entre elles", a poursuivi le colonel Andreu. "Ces petites structures, c'est de l'opportunisme pur", a renchéri le commissaire Durand, soulignant que le système était "peu coûteux" pour les malfaiteurs comme l'est l'escroquerie à la "romance", qui consiste à feindre des sentiments amoureux pour une personne contactée via internet pour lui extorquer de l'argent.

L'escroquerie à la fausse convocation judiciaire a depuis fait "tache d'huile" en Europe, a poursuivi le commissaire Durand, citant "l'Italie, la Roumanie et la Suisse". À tel point que la France a ouvert un dossier auprès d'Eurojust, l'agence de coopération judiciaire de l'Union européenne, en octobre 2022. Les suspects ont entre 20 et 50 ans quand la moyenne d'âge de leurs victimes est autour de 60 ans. "Il y a une vraie détresse humaine derrière les profils des victimes", a fait valoir le commissaire Durand.

Tant le colonel Andreu que le commissaire Durand se sont félicités de "la coopération parfaite" entre les services pour parvenir à ce coup de filet, qui espèrent-ils, permettra de mettre en garde le grand public contre ces courriels frauduleux.