Eve, 32 ans, asexuelle : "J'arrive à avoir un orgasme par la musique ou la méditation"

À 32 ans, Eve confie avoir des orgasmes notamment grâce au yoga et à la méditation. Photo d'illustration.
À 32 ans, Eve confie avoir des orgasmes notamment grâce au yoga et à la méditation. Photo d'illustration. © ABDELHAK SENNA / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Eve a longtemps ignoré qu'elle était asexuelle. Sans fermer la porte à une relation amoureuse avec du sexe, elle se dit aujourd'hui "apaisée".
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Eve a compris qu'elle était différente de ses amies sur le plan sexuel à la fin de l'adolescence. Après une décennie à ne pas comprendre cette différence, elle a véritablement appris qu'elle était asexuelle en 2015 et depuis, la trentenaire a trouvé du plaisir par les arts et la méditation. Elle raconte son expérience au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1.  

"À la fin du collège, j'écoutais mes copines raconter à la récréation leurs expériences sexuelles avec leurs copains. Ça m'amusait, ça me faisait plus rire qu'autre chose parce que ça ne m'intéressait pas. Au collège, je n'étais pas vraiment la fille qui pouvait intéresser, parce que j'ai un handicap moteur. Il y avait certainement une souffrance affective de ce côté-là.

J'ai commencé ma vie sexuelle à 19 ans, presque par hasard. Mes copines, qui avaient commencé beaucoup plus jeunes, me disaient : 'Si la première fois ne se passe pas bien, ne t'inquiète pas. En général, les premières fois, ce n'est pas terrible'. Effectivement, j'ai détesté ma première fois.

"Apaisée", car "reconstituée"

Après plus de dix ans d'errance, de questionnements, de doutes, je suis allée consulter un thérapeute pour une problématique totalement différente, en 2015. J'arrivais presque à la fin de la thérapie et un jour, je me suis dit : 'C'est le moment, je suis avec quelqu'un qui s'y connaît, il m'apportera peut-être une réponse.' Je lui ai raconté toute cette vie, tout ce que j'avais vécu, et j'ai vu le thérapeute en train de sourire, mais ce n'était pas un sourire moqueur. Parce que jusque-là, j'avais subi pas mal de moqueries. C'était la première personne qui entendait clairement ce que j'avais à dire. 

 

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Quand j'ai appris ce que j'étais vraiment, j'ai eu un peu peur de le dire aux autres. On se dit : 'Mais qu'est-ce qu'ils vont penser ?' J'ai fini par en discuter avec ma mère, il y a quelques mois. Avec elle, on parle vraiment de tout, c'est quelqu'un de très ouvert sur tous les sujets. Elle m'a dit : 'Écoute, il n'y a pas que le sexe dans la vie, ce n'est pas grave'. Elle m'a confié qu'elle ressentait un peu la même chose que moi. J'étais déjà apaisée car, enfin, je savais qui j'étais, j'étais reconstituée. C'est moi qui me suis un peu retrouvée à la rassurer sur ce sujet.

"Je ne me verrais pas priver quelqu'un du besoin de sexe"

J'avais déjà un peu trouvé mon plaisir ailleurs, à partir de 2013 environ, quand j'ai commencé à apprécier mon corps par le biais du tatouage. Ça m'a appris à l'apprivoiser. Je trouve aussi mon plaisir dans le yoga, la méditation, et surtout la musique et l'écriture. C'est là-dedans que je m'épanouis. Ça va peut-être paraître un peu bizarre aux yeux des gens, mais quand je vais à un concert ou quand je fais de la méditation, j'arrive à avoir des orgasmes.

Aujourd'hui, je suis célibataire. Ça fait six ans que je suis très bien comme ça, depuis que je me suis jurée que plus jamais je ne me forcerais. En revanche, le fait d'être avec quelqu'un de sexuel ne me dérangerait pas, mais il faudrait qu'on discute clairement, car je ne supporterais pas qu'il aille ailleurs. Je préférerais à ce moment-là qu'il me dise qu'on ne démarre rien. Et je ne me verrais pas priver quelqu'un du besoin de sexe qu'un éventuel conjoint pourrait avoir."