Silhouette floue sur un vélo, capturée par des caméras de vidéosurveillance, il est désormais entre les mains des enquêteurs. Mohamed Hichem M., un Algérien de 24 ans, est soupçonné d'être la personne qui a déposé vendredi un colis piégé à proximité d'une boulangerie du centre-ville de Lyon, et dont l’explosion a fait 13 blessés. Il a été interpellé lundi et placé en garde à vue, ainsi que ses deux parents et un troisième membre de la famille. Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, a affirmé mardi sur CNews n'avoir "pas de doute" sur le fait que ce suspect était "le responsable" de l'attaque.
Les affirmations du ministre de l’Intérieur quant à la culpabilité du suspect reposent notamment sur les éléments trouvés lors de la perquisition du domicile familial, lundi. Les investigateurs de la sous-direction antiterroriste ont trouvé des restes de composants chimiques entrant dans la composition du TATP, la matière explosive qui a permis de fabriquer la bombe, révèle Le Point. Selon des informations de l’hebdomadaire, dont Europe 1 a eu la confirmation, des piles du même type que celles ramassées sur les lieux de l’explosion ont également été retrouvées. Surtout, l’ADN isolé sur l’engin explosif correspondrait bel et bien à celui du suspect. Par ailleurs, aucun lien avec l'islam radical n'a été découvert lors de cette perquisition.
Pourquoi son profile intrigue les enquêteurs ?
Mohamed Hichem M. serait né à Oran en 1995, selon Le Parisien. Après l’obtention d’une licence en informatique en Algérie, il aurait rejoint en 2017 sa famille installée près de Lyon. "Il avait des visas de court séjour et il a fait ensuite une demande de visa étudiant pour rentrer dans une école. Il n'a pas eu de visa étudiant", a détaillé Christophe Castaner sans confirmer la nationalité du suspect.
Il aurait d’abord envisagé des études de médecine avant de se tourner vers l’informatique, indique le quotidien francilien. De quoi expliquer la complexité de l’engin explosif utilisé vendredi. "Dès le début, il y avait un caractère étrange entre la disproportion d'un procédé technique très performant et un volume d'explosif très faible. Il y a de vraies incohérences dans ce dossier", a relevé le ministre de l’Intérieur.
En parallèle de ses études, le jeune homme, travaillait également comme surveillant au lycée Ampère de Lyon. Auprès du Parisien, une élève scolarisée dans l’établissement décrit ce jeune homme petit et barbu comme "un surveillant très gentil, proche des élèves, qui rigolait facilement". Il était, jusqu’à présent, complètement inconnu des services de police.
Surtout, le calme affiché par le suspect depuis son arrestation a de quoi dérouter. "En garde à vue, il parle peu pour l’instant", a glissé une source porche de l’enquête au Parisien. Après l’explosion de vendredi, il n’a vraisemblablement pas cherché à prendre la fuite malgré les poursuites dont il a fait l’objet. Il apparaît abondamment sur les images de vidéo-surveillance captées au cours du week-end, à proximité même du quartier où a eu lieu l’attaque et avec le même vélo.
Comment a-t-il été appréhendé ?
C’est le même système de vidéo-surveillance, dont les images de vendredi ont été visionnées durant de longues heures par les agents lyonnais - soit les enregistrements des 200 caméras installées dans le 2e arrondissement de la capitale des Gaules -, qui est à l'origine de l'identification de Mohamed Hichem M. Ces images, d’excellente définition par apport aux photos publiées dans la presse, leur ont permis de retracer précisément le parcours du suspect.
"Il avait un vélo à assistance électrique et, comme il avait un bon coup de pédale, il allait très vite devant nos caméras. Nos observateurs ont pu remarquer qu’il s’agissait à chaque fois du même homme", explique à Europe 1 Jean-Yves Sécheresse, l’adjoint à la sécurité. Les agents de la vidéo-surveillance ont ainsi établi qu’il avait pris la direction de La Mulatière, ce qui a orienté les démarches de la police technique et scientifique vers cette ville du sud de Lyon, où le suspect habitait avec ses parents. Il a quant à lui été interpellé lundi matin à la descente d'un bus, dans le 7e arrondissement lyonnais.