L'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules doit figurer dans la prochaine révision de la loi de bioéthique. Mais les évêques ont déjà exprimé leurs inquiétudes face à cette extension de la procréation médicalement assistée. Le père Brice de Malherbe, prêtre du diocèse de Paris, en charge des questions de bioéthique à la Conférence des évêques de France, a dénoncé au micro d'Europe 1 dimanche la "marchandisation" des enfants.
"On ne peut pas fabriquer [un enfant] comme une machine". "L'être humain n'est pas un objet de consommation", estime-t-il en préambule. "On ne peut pas le fabriquer comme on fabrique une machine. On ne peut pas l'instrumentaliser, c'est contraire à sa dignité. Les évêques de France veulent surtout dire oui à la référence du système bioéthique français qui est le lien entre solidarité, liberté et dignité."
"Si on suit la logique, demain, ce sera l'ouverture à la GPA ?" Pour deux hommes Le prêtre est ensuite revenu sur la différence entre la PMA pour les couples hétérosexuels ou homosexuels. "Les évêques disent qu'il y a un problème avec la PMA car au delà de cette question se pose celle de savoir si on va faire sauter le verrou du système actuel qui se rapproche d'une situation de thérapie pour un couple [hétérosexuel] infertile. Or là, on ouvrirait [la PMA] à une situation où les personnes en cause ne sont pas infertiles. Ce sont des situations complètement différentes. Et si on suit le raisonnement de la simple référence à l'égalité, demain ce sera l'ouverture à la GPA pour deux hommes."
Or la GPA, la gestation pour autrui n'est pas en discussion dans ce projet de révision des lois de la bioéthique comme l'a précisé la ministre de la Santé Agnès Buzyn vendredi.
"La logique de marchandisation est déjà là". "Le principe d'égalité doit se comprendre avec celui de la fraternité", poursuit le prêtre. "Et au nom de la dignité de l'enfant, on ne peut pas l'instrumentaliser. On ne peut pas aller chercher un tiers donneur ou une autre femme pour porter son enfant, comme cela se fait dans d'autres pays. Mais la logique de marchandisation est déjà là, on est déjà dans un contrat avec une tierce personne."
Ne serait-ce pas une "mécanique formidable" que deux femmes puissent avoir un enfant si elles en ont envie pour leur équilibre et qu'elles l'aiment et le chérissent ?, interroge notre journaliste Bernard Poirette. "Est-ce qu'au nom de l'amour on va rentrer dans une mécanique qui n'est pas si formidable que ça ? On congèle les embryons, on en sélectionne certains, on en détruit d'autres...", rétorque le prêtre.
Le gouvernement a prévu de présenter avant la fin de l'année un projet de révision des lois de bioéthique qui sera débattu par le Parlement début 2019.