"On a peur et on est en danger", ont dénoncé mercredi des étudiants en droit et science politique de Montpellier au lendemain de la réouverture de leur faculté, théâtre de violences contre des étudiants protestant contre la loi Vidal. "Moi j'ai eu ce matin un partiel dans l'amphi A" - où a déferlé dans la nuit du 22 au 23 mars un commando cagoulé et armé de bâtons pour en chasser des étudiants - "côté ambiance et sérénité de travail, ce n'était pas ça", a témoigné une étudiante du comité de mobilisation de la faculté, parlant d'une "tension palpable".
Des CRS omniprésents. La présidence de l'université de Montpellier "nous avait promis une réouverture dans un climat apaisé, elle a préféré ouvrir avec des CRS à l'extérieur et à l'intérieur des bâtiments", ont dénoncé des étudiants de ce comité, qui regroupe une quarantaine d'étudiants. "On croise des personnes qui ont participé à l'agression dans les couloirs", renchérit une autre étudiante. "On ne peut pas se concentrer en cours", assure-t-elle, soulignant qu'il lui semble "difficile moralement que ça se tasse si l'enquête n'avance pas ou que des mesures conservatoires ne sont pas prises". Ces étudiants dénoncent des "pressions", "menaces", "invectives verbales" d'une "extrême violence" sur les réseaux sociaux et en direct, et ne souhaitent plus témoigner nommément.
Un "mur de la honte". Mercredi, face à l'entrée de la faculté, ils ont placé des banderoles de "scène de crime" et érigé sur le côté du rectorat un "mur de la honte" où ils ont collé certains de ces "messages haineux". "La loi de l'omerta règne toujours", déplorent ces étudiants à propos de "consignes internes" recommandant selon eux à tous de "se taire". "L'image de la fac de droit a été salie" par les violences et l'impunité de leurs auteurs, assure une étudiante. "En droit, on savait qu'il y avait des groupuscules d'extrême droite, notamment le GUD, mais là j'ai réalisé qu'ils étaient prêts à nous tabasser pour nos idées politiques", dénonce-t-elle. Le doyen de la faculté de droit Philippe Pétel et un professeur ont été suspendus et mis en examen pour complicité d'incursion ainsi que violences pour l'enseignant. Mais la dizaine d'individus cagoulés n'est pas inquiétée par la justice à ce stade, soulignent ces étudiants.