Le styliste star de Balmain, Olivier Rousteing, donnera un exemple de résilience mercredi soir avec son défilé à Paris, une dizaine de jours après le vol de 50 pièces de sa collection, une affaire inédite dans le milieu de la mode. Son équipe a travaillé "jour et nuit" pour que ce défilé ait lieu et il a lui-même dédramatisé la situation sur Instagram en publiant pour ses 10 millions d'abonnés des images d'une robe ornée de fleurs en cours de confection.
"Démocratiser" la mode
Mi-septembre, la camionnette transportant des pièces de sa collection a été attaquée entre l'aéroport et le siège parisien de la maison, par des personnes armées qui ont pris la fuite. Une enquête a été ouverte mais on ignore tout du sort des tenues dérobées. Les modèles volés sont des prototypes et des patrons existaient pour refaire les vêtements. "La maison Balmain a des ateliers, ils ont des sous-traitants, un réseau d'artisans. En mobilisant le maximum de forces, il est possible de réaliser cela", avait assuré à l'AFP Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po et spécialiste de la mode et du luxe.
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A 38 ans, dont douze en tant que directeur artistique de Balmain, Olivier Rousteing a su transformer le défilé de cette maison de luxe française, connue dans un cercle restreint, en rendez-vous incontournable de la jet-set. Défilés au rythme du hip-hop, castings sous le signe de la diversité ou collaboration avec le géant suédois H&M en 2015: Olivier Rousteing a multiplié les démarches pour rendre l'univers du luxe compréhensible pour les jeunes et "démocratiser" la mode.
Olivier Rousteing, l'un des rares créateurs noirs ou métisses dans l'univers du luxe
Contrairement à la plupart des créateurs qui cultivent la discrétion, il est lui-même une star, qui revendique l'esthétique glamour pour une femme forte et libre. La popularité d'Olivier Rousteing, l'un des rares créateurs noirs ou métisses dans l'univers du luxe, a pris un tournant après la diffusion en 2019 du documentaire "Wonder Boy" (visible sur Netflix), dans lequel il fend l'armure et raconte sa quête de sa mère naturelle. Né sous X, d'origine éthiopienne et somalienne, il a été adopté par une famille bordelaise et a depuis surmonté plusieurs épreuves.
En 2021, il raconte ainsi sur Instagram avoir été grièvement brûlé un an plus tôt dans l'explosion de sa cheminée. Il dit l'avoir caché par "honte", dans un milieu où règne "l'obsession de la perfection". Le texte est accompagné d'une photo choc: son torse, ses bras et le sommet de son crâne sont recouverts de bandes de gaze et il a des marques de brûlure sur le visage. Une façon de briser un tabou. "J'ai réalisé que le pouvoir des réseaux sociaux était de ne révéler que ce que vous voulez montrer", écrit-il alors.