Faut-il interdire les manifestations anti-migrants ?

La manifestation anti-migrants à l'appel du mouvement islamophobe Pegida de samedi dernier à Calais a été marquée par plusieurs arrestations et des condamnations. Alors faut-il interdire ce type de mobilisation ?
Deux personnes condamnées. Après l’annonce de l’arrestation du général Piquemal lors de la manifestation anti-migrants à Calais samedi dernier, comprenez-vous l’interdiction des ces mobilisations ? Le général Piquemal qui a participé à cette manifestation organisée par le parti d’extrême droite Pegida a déclaré "regretter s’être retrouvé avec eux". Son audience en comparution immédiate a été ajourée lundi en raison de son état de santé mais deux hommes, interpellés en même temps que lui, ont écopé respectivement de deux et trois mois de prison ferme. Des peines qui s'expliquent par le fait que, la manifestation à l’initiative de ce mouvement islamophobe avait été interdite par les autorités. Elle a par ailleurs été marquée par des échauffourées avec les forces de l’ordre et des slogans ont été lancés tels que, "On chez nous. Migrants dehors". Après plusieurs appels des forces de l’ordre pour demander la dispersion du mouvement puis des charges de gendarmes, des tirs de gaz lacrymogènes et 20 interpellations ont eu lieu. Alors selon vous, faut-il interdire ces manifestations anti-migrants ?
"Une arrestation incompréhensible". Pour Laurent Jacobelli, le secrétaire général adjoint de "Debout la France" , qui était l'invité du grand direct de l'actu mardi, "l’arrestation de ce général est incompréhensible. Un général de 75 ans qui manifeste pacifiquement est arrêté à quelques mètres d’un lieu où le nombre inégalités est indénombrables ? Juste à côté, il y a la jungle de Calais avec des gens qui n’ont aucun droit de résider en France, avec une hausse de la criminalité à trois chiffres et avec tout un trafic de passeurs. Et la police n’arrête pas ces gens là mais un général qui vient dénoncer cela", s'est-il indigné au micro d'Europe 1 avant de préciser, "pour être clair, je ne soutiens absolument pas ces manifestations d’extrême droite et l’islamophobie n’est pas la solution. Apparemment, la police n’est pas là pour faire respecter la loi dans les camps de migrants mais plutôt pour arrêter un général qui souhaite s’exprimer, c’est choquant". Un avis que ne partage pas Benjamin Lucas, le président des Jeunes Socialistes.
Attaquer le problème à la source. Pour Benjamin Lucas, l'arrestation du général Piquemal, même s'il est un ancien de la Légion étrangère est justifiée car, "il s’agissait d’un rassemblement interdit, il représentait une menace à l’ordre public et les manifestants tenaient des propos islamophobes, xénophobes et racistes. Il est donc logique, puisque l’autorité de l’Etat n’était pas respectée, de procéder au respect de la loi ". L'arrestation du général Piquemal fait donc débat et c'est aussi le cas de la politique migratoire du pays, la seule solution pour régler la crise des migrants selon les deux hommes politiques. "Je ne pense pas qu’on règle le débat sur l’accueil des migrants par des manifestations de haine auxquelles s’est mêlé le général Piquemal", a ainsi affirmé le président des Jeunes Socialistes tandis que pour Laurent Jacobelli, c'est "la politique laxiste du gouvernement" qui est en cause. "Toutes les manifestations qui sèment le trouble doivent être interdites, en revanche, on peut condamner la politique migratoire irresponsable du gouvernement actuel. On rentre en France comme on rentre dans un moulin ! Il faut rétablir des frontières et contrôler les entrées, comme dans tous les pays du monde", a-t-il expliqué.