C'est le début de la fin pour Fessenheim. Dans la nuit de vendredi à samedi, Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités Territoriales, va venir appuyer sur le bouton OFF, à 20 h 30, pour stopper le premier des deux réacteurs de la plus vieille centrale de France. Un arrêt qui pourrait avoir des conséquences économiques dans la région. Négatif pour certains, soulagement pour les autres : que va-t-il changer concrètement pour les habitants ? Europe 1 leur a posé la question.
"Je suis triste de cette fermeture"
La pression du réacteur numéro 1 de la centrale de Fessenheim va progressivement baisser, jusqu'à l'arrêt complet, une première étape avant l'arrêt du réacteur n°2 au mois de juin et la fermeture définitive de la plus ancienne centrale de France. La décision, repoussée à de nombreuses reprises, est finalement appliquée au grand dam de certains habitants de la région, qui redoutent les conséquences économiques.
"Je suis triste de cette fermeture, de tous ces emplois qui vont disparaître...", regrette Catherine, femme de retraité EDF. "1.000 + 1.000", soit les travailleurs de la centrale et les emplois induits, cela fait du monde, et sans eux, estime-t-elle, le village va mourir. "On n'a plus de bureau de tabac, qui n'a pas été repris, un grand restaurant est en vente dans la rue, on a une pizzeria qui a fermé. Tout ça à cause des écolos..."
S'adapter en s'ouvrant à l'Allemagne
Mais certains sont aussi soulagés : "Je dis ouf, oui, parce qu'on a eu des exemples à travers la planète : qu'est-ce qui se passe si la centrale n'est pas suffisamment refroidie ? Rupture des digues du grand canal, etc. Le souci était quand même là", relativise un habitant.
Pour Olivier Porcu, gérant du Super U de Fessenheim, l'économie doit simplement s'adapter et l'avenir du village passera par une plus grande ouverture à l'Allemagne voisine. "Cela fait quelques années qu'on anticipe cette fermeture, on est allés capter une clientèle allemande, en distribuant des prospectus en Allemagne, en formant nos équipes à la langue allemande", confie-t-il. Selon lui, "les Allemands sont très friands du poisson, du fromage, de l'art de vivre à la française". De quoi, peut-être, permettre aux commerces de continuer à vivre.
En signe de contestation, l'éclairage public de Fessenheim sera coupé vendredi soir par les élus locaux qui exigent du gouvernement une aide financière plus importante.