Au huitième jour du procès en appel de l'affaire Fiona, psychologues et psychiatres se sont penchés mercredi sur les personnalités de la mère et son ex-compagnon face à une fillette devenue "gênante" pour eux. Comment est morte Fiona, entre le jeudi 8 mai 2013, où elle a été vue pour la dernière fois par une guichetière du cinéma et le dimanche 12 mai, jour où le couple assure l'avoir découverte morte dans son lit et enterré dans un bois près de Clermont-Ferrand ?
Ce nouveau procès devant les assises de la Haute-Loire -qui rendront finalement leur verdict samedi et non vendredi- n'a toujours pas permis de lever le voile sur les circonstances du décès, tant les débats donnent l'impression de tourner en rond. Mais dans le "huis clos" familial de l'appartement de Clermont-Ferrand, la fillette blonde aux yeux bleus a pu devenir "encombrante" pour le couple, selon les experts.
Des enfants pour combler une "béance narcissique". Pour sa mère, Cécile Bourgeon, enceinte et séparée du père de ses deux premiers enfants, Fiona "était une petite fille vivante et espiègle, qui posait beaucoup de questions et qui peut-être l'embêtait alors qu'elle était dans une autre histoire, avec un autre homme", avance l'expert psychologue Hélène Dubost. Personnalité "caméléon " ou "Velcro", Cécile Bourgeon "a tendance à s'agripper à tout. "Chez elle, il y a une profonde vacuité. Elle remplit le vide", souligne-t-elle. Pour l'experte, les enfants comblent chez elle "une béance narcissique". "Elle aurait pu réagir violemment si l'enfant venait à (la) contredire."
Une "distorsion entre le discours et la réalité". En première instance à Riom, devant les assises du Puy-de-Dôme, Cécile Bourgeon avait été acquittée des coups fatals portés à Fiona et avait écopé de cinq ans de prison pour avoir fait croire à un enlèvement. Berkane Malhlouf avait été condamné à 20 ans de réclusion pour l'ensemble des faits. Pour lui aussi, Fiona pouvait être "gênante" car elle "fouillait partout", "venait dans (leur) chambre", estime la psychologue. D'autant que la personnalité de l'accusé qui se décrit "comme une crème" et dépeint comme le bonheur de sa vie, les "moments en famille avec Cécile Bourgeon", est marquée par une "distorsion entre le discours et la réalité".
Fiona ramenait le couple "à la réalité". Dans la relation "fusionnelle" des deux anciens amants à la "complicité psychopathologique", Fiona devait "les rappeler à la réalité", résume Hélène Dubost. Et d'asséner que dans ce contexte, "soit on essaie de prendre ses distances" avec la personne "gênante", "soit on essaie de s'en débarrasser".